Quand on parle de précarité énergétique, on met l’accent sur les deux faces d’une même pièce : performance énergétique et rénovation énergétique insuffisantes des logements. La réglementation existe, où en est-on en France et en Europe ?

Les conséquences de la précarité énergétique sur l’habitat et sur la santé

La précarité énergétique a souvent pour conséquence directe la privation de chauffage. Un logement peu ou pas chauffé se dégrade. Le logement-type d’un foyer touché par la précarité énergétique présente des points communs :

  • des bouches de ventilation équipent moins souvent les pièces d’eau (cuisine, salle de bains, toilettes). Quand elles existent, elles sont plus souvent obstruées. Le double vitrage est moins souvent présent
  • les moisissures sont présentes dans un logement sur deux, en particulier dans les chambres et les salles de bains
  • les radiateurs électriques sont le principal mode de chauffage des ménages exposés à la précarité énergétique

Cette exception française du radiateur électrique, comme titré dans un article des Echos de 2017, présent également dans des logements thermiquement ou climatiquement inappropriés, prend sa source dans le développement massif du nucléaire dans les années 1970. Un bon lobbying et la boucle était bouclée, il fallait consommer pour faire tourner les centrales. Mais, l’ère des « grille-pains » n’est pas encore derrière nous comme nous le verrons dans l’article Une énergie propre à un coût abordable : un enjeu mondial ?

La précarité énergétique aggrave également l’état de santé des ménages précaires. En Grande-Bretagne, des travaux de recherche ont montré qu’1€ investi dans la rénovation thermique permet d’économiser 0,42 € sur les dépenses de santé. Ce type d’études n’existait pas en France, c’est la Fondation Abbé Pierre  qui a initié la première en 2013. La conclusion de cette étude montre :

  • une perception moins bonne de leur santé
  • des problèmes de santé chroniques respiratoires, ostéo-articulaires, neurologiques
  • des types de dépression plus fréquents
  • ainsi qu’une plus grande sensibilité des personnes aux pathologies hivernales : rhumes angines, aussi bien chez les adultes que chez les enfants.

Quelle est la situation en France ?

La précarité énergétique est directement liée à une performance énergétique insuffisante des logements et à une rénovation énergétique insuffisante. Dans l’article Le logement en France, encore trop de précarité énergétique, l’acronyme mis en avant était ONPE : Observatoire National de la Précarité Énergétique. Aujourd’hui, il s’agit de l’Observatoire National de Rénovation Energétique. L’ONRE a publié en mai 2021 le résultat de ses travaux (bilan des travaux et des aides) pour la période 2016/2019, en particulier :

La répartition des gains énergétiques montre une grande disparité entre les régions. Elle ne permet pas d’expliquer le peu d’économies d’énergie réalisées avec le climat pour le Centre-Val de Loire et la Bourgogne-Franche-Comté. Les rénovations des systèmes de chauffage concentrent 45% des gains totaux en énergie finale devant les rénovations des toitures, des murs et des ventilations. Les ouvertures, rénovations les plus fréquentes ne contribuent que peu aux économies d’énergie.

Au 1er janvier 2022, le service public de la rénovation de l’habitat, piloté par l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah), est modernisé avec le lancement de France Rénov, un site internet dédié et d’un numéro de téléphone (0.808.800.700) unique. Ce dispositif est complété par près de 450 guichets sur l’ensemble du territoire issus des espaces conseil Faire et des points rénovation information service (PRIS) de l’Anah. Nous sommes le 6 janvier 2022, le site France Rénov’ (france-renov.gouv.fr) vient tout juste d’être activé, son utilisation semble plutôt intuitive. Il sera à suivre à l’usage.

Comment se situe-t’elle face à nos voisins européens ?

En Europe, 72 millions de personnes disposent de revenus inférieurs au seuil de pauvreté national. Cette carte de l’ONPE représente environ 80% de ces personnes. 8,5 millions de personnes habitent en France, et représentent 13,6 % de la population nationale. Pourtant, la France est parmi les pays ne présentant pas la situation la plus difficile :

En France, 21,1 % de la population à faibles revenus habitent un logement ayant au moins-un des désordres mentionnés dans le graphique. Cela nous met à égalité avec la Roumanie. La Bulgarie et la Belgique présentent la part la plus critique :

En France, les dépenses du logement représentent 36,3 % du revenu disponible des ménages les plus pauvres. Cela la situe en dessous de la moyenne européenne. De façon plus surprenante pour un pays méditerranéen, la Grèce regroupe la plus grande part du coût du logement dans le revenu des ménages précaires. De plus, trois autres pays dépassent également la moyenne européenne.  Il s’agit de l’Allemagne, pourtant première économie européenne ainsi que de la Bulgarie et l’Autriche :

 

Pour creuser la situation européenne ainsi que les mesures prise en faveur de la rénovation des logements dans chaque pays :

Une prise de conscience politique

 En Europe

L’Union Européenne a voté en 2009 plusieurs textes pour garantir l’atteinte des objectifs climatiques et énergétiques pour l’année 2020. Ce premier texte législatif européen complet sur la transition énergétique datant de 2009  définit les chiffres à atteindre collectivement. Les premiers objectifs fixés pour l’amélioration de l’efficacité énergétique étaient de 20 %. Le chiffre a été revu à la hausse en 2014 pour atteindre 32,5%.

Je m’attendais à trouver de nombreux bilans de ce Paquet législatif sur le climat et l’énergie à l’horizon 2020  puisque nous sommes en 2022, mais non 🤔.

En France, la présidentielle approche …

Opinion Way a réalisé un sondage en septembre 2021. La thématique de la rénovation énergétique a toute sa place dans la campagne présidentielle :

 

La thématique fait-elle partie des débats de la campagne ? N’hésitez pas à me faire signe si vous entendez les candidats en parler, car pour le moment, rien !

Une forme d’indifférence politique qui explique sans doute une partie de la situation ?

Dans mon troisième article, j’expliquerai pourquoi il s’agit pourtant d’enjeux sociétaux majeurs Une énergie propre à un coût abordable : un enjeu mondial ?

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