La France se positionne sur les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR), plus flexibles, sûrs et faciles à construire que les centrales nucléaires classiques. Pour cela, elle compte investir massivement dans la filière du nucléaire et est à l’initiative d’une alliance industrielle européenne dont l’objectif est le déploiement des SMR dans l’Union Européenne.

La course aux SMR est lancée en France

Pour décarboner sa production d’énergie, la France mise sur les énergies renouvelables, mais aussi sur le renforcement de sa production d’énergie nucléaire, comme l’a exposé Emmanuel Macron fin 2021 lors de la présentation du plan de relance France 2030.

Pour rappel, l’Ademe estime que 1kWh d’énergie nucléaire émet 4g de CO2, contre 10g pour l’éolien, et 418g pour le gaz. Mais si l’énergie nucléaire joue donc un rôle clé dans la transition énergétique bas carbone, elle présente tout de même certaines contraintes de coûts ou encore de sécurité.

Les Small Modular Reactor (SMR), technologie nucléaire dont la structure est plus petite et modulable que les centrales nucléaires classiques (EPR, en France), constituent ainsi une alternative prometteuse pour le parc nucléaire français. Ces réacteurs peuvent être fabriqués en usine, puis être ensuite transportés et installés sur le site prévu. Ils sont donc plus rapides à construire, mais aussi plus sûrs que les EPR, selon des experts comme Michel Berthémy, de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE.

En France, ils permettront de fournir de l’électricité et de la chaleur décarbonées au sein de grands sites industriels, ou bien de produire de l’hydrogène vert.

Nuward, projet phare de la stratégie française

Face à la course internationale aux SMR, la France soutient le projet Nuward, développé par EDF, qui vise à déployer la nouvelle technologie des SMR en France via des paires de SMR de 340 mégawatts. La construction du premier prototype français de réacteur modulaire devrait s’achever d’ici 2030.

Les partenaires de ce projet sont des acteurs historiques comme le CEA, EDF ou encore Naval Group, ainsi que l’ETI française TechnicAtome. En cinquante ans, cette entreprise a acquis une expertise dans la construction de réacteurs compacts et modulaires en construisant une vingtaine de chaufferies de vaisseaux nucléaires de la marine nationale.

La France se positionne donc comme un acteur sérieux en développant sa propre technologie de réacteur modulaire, même si le prototype n’est prévu que pour 2030 et que sa commercialisation ne se fera pas avant 2040. Pour Nicolas Goldberg, expert chez Colombus Consulting, « nous ne serons pas pionniers mais il ne sera pas trop tard« .

La France à l’initiative d’une nouvelle alliance industrielle autour des SMR en Union Européenne

Ce vendredi 9 février, la Commission Européenne a annoncé le lancement d’une alliance industrielle pour accélérer le déploiement des petits réacteurs modulaires (SMR). Cette annonce de Bruxelles fait suite à l’appel de douze pays européens, avec la France en chef de file, en novembre pour développer cette filière émergente.

L’initiative devrait « stimuler les investissements dans les capacités SMR européennes et le développement d’une chaîne de valeur européenne » selon les douze pays européens ayant appelé à cette alliance du nucléaire. Ces derniers affirment également que d’ici 2050, le nucléaire pourrait fournir jusqu’à 150 gigawatts (GW) d’énergie en Union Européenne, contre 100 GW aujourd’hui.

Cette alliance industrielle s’accompagne d’un appel à candidatures jusqu’au 12 avril s’adressant aux fournisseurs d’électricité, entreprises de la filière nucléaire, institutions financières, organismes de recherche, centres de formation et organisations de la société civile. Ces acteurs devraient favoriser la mise en place une future filière européenne.

Un futur tracé pour le nucléaire français

Loin des débats controversés d’il y a encore quelques années, la filière française du nucléaire est en plein développement et mise fortement sur les petits réacteurs modulaires. Cette filière reposera sur la participation de nombreuses entreprises et start ups françaises, les importants investissements du gouvernement français (1,2 milliard d’euros annoncés pour l’industrie nucléaire dans le Plan France 2030), mais aussi sur l’alliance industrielle européenne.

Mais quid de l’acceptabilité de l’atome par les Français ? Il s’avère que l’image du nucléaire s’est nettement améliorée : selon le sondage de l’Autorité de sûreté nucléaire, en 2022, 46 % des Français s’y sont déclarés favorables, score le plus haut depuis la première édition de 2005, contre 23 % au niveau le plus bas, en 2018.

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