Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, lors de l’enregistrement de son massage diffusé pendant la COP26

La ville de Busan (Corée du Sud) prévoit de construire un quartier flottant comme réponse à la hausse du niveau de la mer. Solution crédible ou illusion  ?

Une solution technologique à la hauteur des enjeux ?

Alors que 90 % des grandes villes mondiales sont vulnérables à la montée des eaux et que la première partie du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,10 mètre d’ici 2100, la ville de Busan a lancé la construction d’un quartier flottant autonome.

Vue d’artiste du projet de ville flottante. Crédits Courtesy BIG

Le projet a reçu le soutien de l’ONU-Habitat, au motif qu’il s’agit de l’une des options pour s’adapter aux conséquences des dérèglements climatiques. Le coût du projet-pilote, qui permettrait en loger entre 300 et 500 personnes, est estimé à 200 millions d’euros. Ces quartiers pourraient être interconnectés et former des villes de 10 000 habitants, autosuffisantes en matière d’énergie, d’alimentation et de gestion des déchets. Elles seraient de plus conçues pour résister aux évènements climatiques extrêmes.

Les villes flottantes, un mirage en plein océan ?

Ce projet a néanmoins de quoi laisser pensif. En effet, les estimations les plus conservatrices évaluent à 250 millions de personnes le nombre de déplacés climatiques à l’horizon 2050, soit bien au-delà des capacités de ces villes. Beaucoup de ces déplacés se trouvent en outre dans des pays en développement, n’ayant pas les moyens de financer ces projets utopiques.

Enfin, les solutions fondées sur la natures sont souvent plus efficientes, comme l’ont montré plusieurs études menées en économie de l’environnement. Au Vietnam, par exemple, une étude a révélé que la réhabilitation de forêts de mangroves était moins coûteuse que la construction de barrières artificielles de protection contre les catastrophes naturelles.

Si les mangroves, dont la superficie a diminué de 35 % au cours des deux dernières décennies, n’ont pas l’attrait des solutions technologiques, elles sont plus efficaces pour protéger de la montée des eaux, en même temps qu’elles constituent des puits de carbone et des réservoirs de biodiversité. Crédits : Florida Memory / CC 

Cachez ces problèmes que je ne saurais voir

L’autre risque des solutions technologiques, comme celle de villes flottantes, réside dans le fait qu’elles pourraient détourner notre attention des enjeux prioritaires. Ainsi, il faut tout d’abord continuer à lutter contre la hausse du niveau des mers et donc d’atténuer autant que possible le réchauffement climatique.

Enfin, le déplacement de populations sera inéluctable. Si les États leurs dénient pour le moment le caractère de réfugiés climatiques, par crainte qu’ils tombent sous la protection de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, des solutions interétatiques devront être trouvés.

L’attitude de l’Union européenne face à la crise migratoire ou encore le rejet des réfugiés Rohingyas par les pays d’Asie du Sud-Est n’incitent pas à l’optimisme.

Sources :

https://www.economist.com/asia/2021/12/04/busan-a-south-korean-city-plans-a-floating-neighbourhood

https://unhabitat.org/busan-un-habitat-and-oceanix-set-to-build-the-worlds-first-sustainable-floating-city-prototype-as

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