L’Akademik Lomonossov, première centrale nucléaire flottante en service © Alexander Ryumin/TASS/Getty

Le réchauffement climatique ouvre une nouvelle route commerciale et la voie à l’exploitation des ressources de l’Arctique, non sans risques.

Malacca-Suez ou Bering ?

Si les incendies récurrents en Sibérie ont montré que la Russie n’était pas à l’abri des dérèglements climatiques, elle compte aussi en tirer partie. La fonte des glaces dégage en effet non seulement une nouvelle route commerciale mais donne aussi accès aux ressources naturelles de l’Arctique, minerais et énergies fossiles en particulier.

Son projet de créer un route du Nord-Est, passant par l’Arctique, afin de relier l’Asie et l’Europe prend ainsi peu à peu forme. Libre de glace 3 à 4 mois par an et plus courte de 12 jours que la route du Sud, la route du Nord pourrait devenir un rival, à tout le moins pour le transport d’hydrocarbures et de métaux. La rentabilité des porte-conteneurs est en effet conditionnée à la possibilité de livrer en chemin plusieurs clients.

La Russie a exporté pour la première fois du gaz naturel liquéfié en 2017 et espère que d’ici 2050, grâce à des brise-glace nucléaires, la route sera ouverte toute l’année.

Comparaison entre les routes du Nord et du Sud

Cela ne va pas sans risques : les coûts d’assurance sont très élevés, reflétant le caractère aléatoire des conditions climatiques, la méconnaissance de la bathymétrie ou encore le manque d’infrastructures et de moyens de sauvetage. Dans ces conditions, les conséquences sur l’environnement d’un accident seraient dramatiques.

Ces risques ne semblent pas refroidir les ambitions russes : « Peur ? Non. Peut-être que les russes n’ont plus peur de rien. Nous avons tout vu et tout vécu. Nous devons être optimistes », déclare Igor Ranav, un homme d’affaires local.

Pas seulement une route commerciale

L’intérêt russe s’explique également par l’abondance de la région en ressources naturelles, notamment importantes pour les technologies liées à la transition énergétique. La région de Chukotka, par exemple, est riche en or, argent, cuivre, lithium et autres métaux.

Pour faciliter l’exploitation, la Russie a lancé la construction de centrales nucléaires flottantes, dont l’Akademik Lomonossov. Trois nouvelles centrales seront construites d’ici 2023.

Plus largement, le développement et le contrôle de la route du Nord doivent constituer un préalable à l’exploitation des ressources de l’Arctique. Celui-ci renfermerait environ 10 % des réserves de pétroles et 30 % des réserves de gaz non découvertes à ce jour.

Une plate-forme pétrolière de Gazprom dans la mer de Petchora. Krichevsky, Wikimedia (CC-BY-SA 4.0)

Pour les exploiter, la Russie devra néanmoins s’entendre avec les autres États riverains, qui ont fait valoir des revendications concurrentes auprès du Conseil de l’Arctique. Ce n’est pas un hasard si l’Akademik Lomonossov tire son nom de la dorsale sur laquelle la Russie s’appuie pour demander l’extension de son plateau continental.

Hydrocarbures ou métaux essentiels à la transition, les États semblent davantage guidés par les opportunités économiques que par la lutte contre le dérèglement climatique ou par la protection de l’Arctique et de sa biodiversité.

https://www.ft.com/content/f5d25126-94fc-41fc-bc35-341df0560f4d

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