Le maxi Edmond de Rothschild a heurté un OFNI lors de son convoyage retour de la Transat Jacques Vabre, le privant de tentative de record du Trophée Jules Verne

La course au large, qui jouit d’un véritable engouement du public, se doit de montrer l’exemple en matière d’environnement.

La course à la voile, illusion de pureté

Il est révolu le temps où Bernard Moitessier, sur Joshua, dialoguait avec les dauphins et, tournant le dos à la victoire qui lui était promise lors de la première édition du Golden Globe Challenge, décidait de poursuivre ce qui deviendrait sa longue route en tenant ces mots devenus célèbres : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme ».

La course au large est entre-temps devenue un sport à part entière, dicté par la performance, avec ses dérives inévitables. Les OFNI (objets flottants non identifiés) sont le principal cauchemar des concurrents. S’il peut s’agit de conteneurs perdus ou de balises océaniques, ce sont aussi et hélas bien souvent des mammifères marins, qui peuvent être blessés par les appendices tranchantes de ces bateaux filant à plus de 30 noeuds.

Image du cachalot ayant eu raison du bateau de Kito de Pavant dans le Vendée Globe 2016-17, révélé lors de l’analyse ultérieure d’un disque dur. Crédits : Kito De Pavant

Les marins ne restent pas les bras croisés et tentent de trouver des solutions. Ainsi, la grande majorité des voiliers de course sont équipés du système de vision thermique Oscar, qui doit distinguer les OFNI. Il est cependant moins performant pour les objets affleurant. De même, les pinger, installés sur les quilles, doivent émettre des ondes acoustiques repoussant les mammifères marins.

Il reste que les collisions sont de plus en plus nombreuses et que de nouveaux systèmes doivent être mise au point, qui tiennent également compte d’autres contraintes et doivent notamment permettre au pilote automatique d’éviter à temps les obstacles sans créer des efforts tels qu’ils briseraient la structure du bateau et mettrait en danger la vie des marins.

Bluewashing ?

Le milieu de la course au large a néanmoins réellement pris conscience de la nécessité de changer. On ne compte ainsi plus les bateaux défendant la cause de l’environnement ou les skipper posant des balises scientifiques lors de leurs traversées. Cela suffit-il pour autant ?

L’industrie de la course au large affiche en effet un pâle bilan carbone et crée beaucoup de déchets alors que, recherche de la performance oblige, les bateaux sont régulièrement renouvelés. De ce fait, les chantiers sont de grands consommateurs de carbone et de produits dérivés du pétrole tandis que les peintures des bateaux sont toxiques pour l’environnement marin.

Les chantiers CDK, à Lorient. © Bénédicte Philippe/CDK Technologies

Si certains font de réels efforts pour limiter leur empreinte écologique, et que des progrès technologiques sont nécessaires, d’autres tombent dans le « green » ou « blue » washing. Ainsi du circuit SailGP qui, tout en transportant d’un bout à l’autre du monde ses formules 1 des mers, instaure un classement d’impact environnemental. Ou encore de la prochaine édition de la Coupe de l’America, dont on murmure que les zodiacs accompagnateurs fonctionneront à l’hydrogène vert, au prix de 1 million de dollars pièce. L’écologie pour riches sauvera-t-elle nos océans ?

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