Lorsque l’on parle d’écologie, il est important de garder en mémoire que cette discipline est avant tout une science et non un mouvement politique. Cependant, l’écologie est aujourd’hui un sujet de société majeur : la science se retrouve sur le devant de la scène politique.

Comment faire intervenir les scientifiques dans le débat public ?

Le contexte de crise écologique actuel fait couler beaucoup d’encre, car il nécessite une transformation durable à tous les niveaux de la société. Politique, entreprises, éducation, culture… tous les aspects de notre vie sont repensés, dans l’objectif , entre autres, de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Le rôle de la science et de la recherche vont s’avérer déterminants pour cette transition énergétique.

Pour ce faire, il est indispensable de faire intervenir les scientifiques dans le débat public. Leur champ d’action, couvrant par exemple le développement de nouvelles technologies, l’étude de l’impact des activités humaines sur l’environnement et le développement de nos infrastructures énergétiques, les placent au premier rang dans les débats qui mèneront au décisions, notamment politiques, qui devront être prises.

Pour autant, il n’est pas question de demander aux scientifiques de décider. Il n’est d’ailleurs peut-être pas préférable de s’adresser aux scientifiques en tant qu’individus. On pense en particulier à la multitude « d’experts » intervenus dans les médias durant la crise sanitaire, multipliant ainsi les points de vue et les informations sans validation scientifique systématique. Faire intervenir la science, ce doit être la consultation de groupes d’experts reconnus prenant en compte les données faisant consensus, de manière objective, pour éclairer les décisions politiques.

La prise en compte des enjeux de ce débat politique

Les enjeux de ce futur débat politique sont nombreux. Outre la réflexion sur la stratégie à adopter concernant la transition énergétique, ce sera également l’occasion de mettre en lumière les difficultés éprouvées par le monde scientifique de nos jours. Pour favoriser une recherche scientifique objective et qualitative, il est nécessaire que les financement attribués à la recherche soient mieux évalués. En effet, nombreux sont les scientifiques qui travaillent sur contrat. Ces contrats commandés par des entreprises, parfois orientés, et défini dans sur un temps limité ne permettent pas de toujours fournir des travaux de  bonne qualité. Un meilleur financement, garantissant une meilleure indépendance, serait profitable pour produire de manière cohérente et objective.

Cette amélioration de la qualité de la recherche aurait un impact positif sur la diversification des discours qui tendent à dégrader le débat. On peut notamment citer l’émergence des discours complotistes, qui veulent minimiser la crise écologique et utiliser cette division artificielle des avis pour  alimenter leurs ambitions politiques. À l’inverse, il conviendra d’apporter des réponses aux récits collapsologiques, qui prédisent un effondrement prochain. Si ces discours ont pour mérite de ne pas nier le réchauffement climatique, ils peuvent se révéler angoissants et donner un sentiment d’impuissance. Ainsi, la rationalisation du débat par une recherche scientifique solide permettra de converger vers une attitude plus volontaire et un débat publique réaliste.

Enfin, les scientifiques auront à collaborer étroitement avec les vulgarisateurs et le milieu de l’éducation, afin de former les jeunes aux enjeux de la transition énergétique. En effet, ceux-ci ne les connaissent pas encore suffisamment malgré leur sensibilité au sujet. Il est impératif que les prochaines générations puissent se construire dans un monde en pleine transformation, en en maîtrisant les enjeux et les mécanismes.

Garder le cap sur le réel objectif

Au milieu de ces discussions politiques, des débats scientifiques et des fake news, il est facile de se perdre. Cependant, il ne faudra pas perdre de vue la finalité de ce chantier. La protection de la biodiversité, la stabilité politique dans les pays fragiles, la résilience alimentaire sont autant de sujets qui dépendent de notre capacité à agir maintenant, et à le faire bien. Le rôle de la science, sa capacité à faire autorité et à considérer toutes les hypothèses et opinions, jouera un rôle majeur dans l’élaboration d’un projet de société durable et commun : si l’écologie est une science et non un mouvement politique, défendre l’écologie scientifique est bien un acte politique.

 

Source :

Le Monde – « Promouvoir une écologie scientifique relève d’intentions politiques »

 

Image d’article : photo de Vlad Tchompalov pour Unsplash

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