Manifestation contre le chalutage des fonds marins à Glasgow, en amont de la COP26 (Photo by Andy Buchanan / AFP)

Une coalition d’organisations non-gouvernementales (ONG) demande l’interdiction du chalutage des fonds marins dans l’Union européenne (UE), une pratique par ailleurs décriée dans le monde

Des aires marines réellement protégées ?

2022 sera-t-elle une année décisive pour la biodiversité ? Beaucoup d’espoirs sont placés dans la deuxième partie de la 15ème Conférence des parties (COP) à la Convention sur la diversité biologique, qui se tiendra en avril à Kunming (Chine). Les États membres examineront notamment l’appel, figurant dans la déclaration de Marseille, à classer 30 % des terres et des mers comme aires protégées.

Une coalition d’ONG vient pourtant nous rappeler à la dure réalité. Elle demande l’interdiction du chalutage des fonds marins dans les aires marines protégées (AMP) de l’UE, qui n’ont souvent de protégées que le nom. L’Union a déjà bannis en 2016 la pêche en eaux profondes au-delà de 800 mètres. Les ONG réclament maintenant l’interdiction pure et simple de cette technique de pêche, qui a cours jusque dans les AMP d’Allemagne, des Pays-Bas ou encore de France. La demande est une réponse à la consultation publique, ouverte par la Commission européenne jusqu’au 10 janvier 2022. Cette dernière est un préalable à la proposition de « Plan d’action pour l’océan » qui sera dévoilée au printemps.

Le chalutage des fonds marins, symbole des dérives de la mondialisation

Cette attaque contre la technique de pêche « la plus néfaste à l’environnement et au climat » fait écho à une synthèse publiée le 9 décembre 2021 par une autre coalition d’ONG, la présentant comme un non-sens écologique, économique et social.

Alors que sa part dans les prises mondiales est estimée à 26 %, le chalutage en eaux profondes, désigné comme l’un des principaux coupables de la surpêche, reste largement pratiqué. Ceci malgré le déclin des rendements constaté depuis 1989 partout dans le monde, à l’exception de l’Asie. Or, comme le constate Daniel Pauly, biologiste marin notamment connu pour avoir popularisé le concept de « shifting baseline », le serpent se mord la queue. « Les prises mondiales pourraient augmenter s’il y avait moins de chalutage. Quand on surpêche, les rendements diminuent pour tous ».

Cette technique emblématique de la pêche industrielle est par ailleurs accusée pêle-mêle de faire concurrence à la pêche artisanale, d’être fortement émettrice de gaz à effet de serre, de piller les eaux des pays en développement et d’offrir des conditions de travail indignes.

La France a les cartes en main

Malgré l’image de puissance que peuvent dégager les usines des mers que sont les chalutiers, cette pratique de pêche est fragile car soumise à une rentabilité aléatoire. Le secteur ne survit en effet que grâce aux subventions publiques, qualifiées de néfastes et dont l’Organisation des Nations Unies (ONU) demande l’interdiction depuis 2015.

Un projet d’accord est en cours de discussion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). L’UE et la France, qui a pris le 1er janvier 2022 la présidence du Conseil pendant trois mois, élection présidentielle oblige, seraient bien inspirées d’écouter les ONG.

 

Sources:

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/le-chalutage-de-fond-denonce-comme-la-pire-technique-de-peche_6107979_3244.html

https://www.youtube.com/watch?v=Hui5YH-D6Go

3 réponses
    • Adrien POISSON
      Adrien POISSON dit :

      Intéressant en effet. Outre les dispositifs d’identification et de sélection des espèces, d’autres solutions existent pour limiter les effets néfastes du chalutage : panneaux métalliques moins nocifs, changement de forme et de taille des mailles notamment

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      • Paul FURON
        Paul FURON dit :

        Cela dit, à l’heure de la surpêche mondialisée, je reconnais avoir du mal a percevoir les arguments de préservation aquatique en rapport avec la pêche au delà du flirt avec le greenwashing. La meilleure solution de préserver les poissons restant de ne pas les pêcher…

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