Pour répondre aux enjeux du changement climatique, les entreprises s’engagent dans des stratégies Net Zero. Pour que ces stratégies aient un réel impact sur le climat, les entreprises doivent penser leurs stratégies Net Zero au niveau global et s’engager de manière totale et honnête.

 

Depuis quelques années, le changement climatique devient (mal)heureusement de moins en moins contestable, du fait des nombreuses catastrophes que l’on observe aux quatre coins du globe. Passé le débat stérile du « l’Homme en est-il vraiment responsable ? », on commence enfin à poser de plus en plus la question du « comment on fait pour arrêter ça ? ».

Et parmi ceux qui sont régulièrement pointés du doigt, on trouve les grands méchants du capitalisme mondial : les grandes entreprises. Effectivement, comment peut-on attendre que le monde change, si les entreprises qui font tourner notre monde moderne ne montrent pas leur bonne volonté ?

Les grandes entreprises se sont donc lancées depuis quelques années dans le calcul de leur empreinte carbone. Elles le font selon différentes méthodologies et à grands renforts de communication ; sinon vers le grand public, au moins fortement ciblées sur leurs investisseurs.

 

A quel niveau attend-on les entreprises ?

Les efforts des entreprises sont-ils vraiment au niveau ? Feront-elles vraiment la différence dans cette lutte contre le changement climatique qui peut sembler perdue d’avance ?

Selon l’ADEME, « la ‘neutralité carbone’ vise à contrebalancer, à l’échelle du globe, toute émission de gaz à effet de serre (GES) issue de l’activité humaine par des séquestrations de quantités équivalentes de CO2[…]. En d’autres mots, il s’agit de séquestrer autant de carbone que nous en émettons de manière à stabiliser son niveau de concentration dans l’atmosphère […]. – L’objectif de neutralité carbone n’a donc réellement de sens qu’à l’échelle de la planète. ».

Si la neutralité carbone n’a de sens qu’à l’échelle de la planète, nos grandes entreprises sont donc les mieux placées pour y travailler.

 

Mais observe-t-on des efforts efficaces ?

Premièrement, ne l’oublions pas, les entreprises sont faites de personnes ! Et que ces personnes sont elles-mêmes bien souvent perfectibles. Et parfois résistantes au changement ; et cupides (grande surprise…). Pourquoi abandonner mes activités fortement carbonées si elles sont toujours rentables ? Il en va de la survie de mon entreprise, je ne peux pas ! Et puis de toute façon, si mon entreprise arrête ces activités, d’autres prendront ma place. Donc… je continue !

 

Ensuite, on sait bien que la neutralité dépend de chiffres. Et n’importe quel bon comptable qui se respecte le sait : on peut faire dire tout (ce qu’on veut) aux chiffres. Les méthodologies pour calculer les émissions et les compensations se stabilisent, mais continuent à générer des critiques (Offsets Watchdog Aiming for Clarity on Net Zero Risks Creating Confusion, Natasha White and Akshat Rathi). Reste toujours, bien sûr, la question des scopes 1, 2 et 3 que les entreprises incluent dans leurs calculs. Et par ailleurs, les méthodes de compensation carbone sont parfois largement critiquables (LastWeekTonight, 2022).

 

Et enfin, la neutralité pour les entreprises, dans un monde tellement obnubilé par la croissance, n’a pas vraiment de sens. Toujours selon l’ADEME, « individuellement ou à leur échelle, les acteurs économiques, collectivités et citoyens ne sont, ni ne peuvent devenir, ou se revendiquer, ‘neutres en carbone’, l’atteinte d’une neutralité carbone arithmétique n’ayant pas de sens à leur échelle. ». Pour rappel, nous devons comprendre nos émissions de manière mondiale, globale, dans le temps. Le meilleur gaz à effet de serre additionnel est celui qu’on ne rejette pas. Or les entreprises et leurs activités ne réfléchissent pas en ces termes.

 

Alors pourquoi continue-t-on à parler de stratégies Net Zero ?

Parce qu’il faut bien commencer quelque part. Si on attend d’avoir des réglementations pour normaliser tout ça, a minima au niveau national dans tous les pays du globe, on peut tout de suite aller se faire cuire un œuf sur le capot de notre 4×4.

Et parce que ces stratégies permettent cependant, avec toutes leurs imperfections, de mettre les entreprises dans la seringue et de les faire se regarder dans le miroir.

 

Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu de manière honnête et transparente, en gardant en tête l’objectif de nous tous : limiter le réchauffement climatique ! Autant que possible. Et le plus vite possible.

Car si les émissions continuent tambour battant et que les grandes entreprises se lancent dans ces initiatives du bout des lèvres, en choisissant de tordre le système au bénéfice de leur image, cela va se retourner contre eux. Et ces grandes entreprises ont autant à gagner à se dépêcher d’agir. En effet, si elles attendent trop, elles n’auront pas d’autre choix que de s’adapter dans l’urgence, donc trop vite pour réussir et survivre, tout comme l’humanité dans son ensemble. Or transformer une grande entreprise de manière rapide et dans l’urgence est très compliqué ; et l’entreprise et ses parties prenantes n’en ressortent jamais indemnes. Dans ces cas-là, le sujet devient bien souvent social, plus seulement climatique.

 

Et vous, comment aidez-vous votre entreprise à bouger et prendre les bonnes décisions ?

 

Laure Livartowski

 

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