Le développement des EnR est nécessaire et indispensable à la transition. Parmi les techniques qui se développent, l’agrivoltaisme est en passe de devenir un secteur florissant . Mais à quel prix? et avec quelles conséquences? la démarche est-elle vraiment en adéquation avec le respect de la souveraineté alimentaire?

Développement et succès de l’agrivoltaisme

L’agrivoltaïsme est une méthode qui consiste à combiner la production d’énergie solaire photovoltaïque avec des activités agricoles sur une même surface de terrain. Cette approche vise à maximiser l’utilisation des terres en les rendant polyvalentes pour la production d’énergie renouvelable et agricole simultanément.

A plus long terme, France agrivoltaïsme évalue le potentiel des projets agrivoltaïques entre 60 et 80 GW, répartis sur 20 000 à 30 000 exploitations en 2050, l’équivalent de 80 000 à 120 000 hectares (selon le rapport du Sénat de la Proposition de loi en faveur du développement de l’agrivoltaïsme).

Les avantages de cette technologie résident dans le double objectif visé: d’une part, l’agrivoltaïsme favorise l’optimisation des terres en permettant une une utilisation efficace des terres en combinant la production d’énergie solaire et agricole. Ceci est être particulièrement utile dans les zones où l’espace est limité. D’autre part, l’agrivoltaïsme permet une amélioration de la productivité agricole: l’ombrage partiel des panneaux solaires peut contribuer à créer un microclimat favorable à certaines cultures, réduire l’évaporation de l’eau du sol et offrir une protection contre les intempéries.

Un vrai business qui attire de nombreux investisseurs

« Les énergéticiens s’accordent sur un point : malgré l’important investissement initial et les adaptations éventuelles à une production agricole, l’agrivoltaïsme reste deux fois moins coûteux que les installations sur de grandes toitures : moins de difficultés techniques et réglementaires et des économies d’échelle sur le raccordement », peut-on lire dans l’article du Reporterre.

 Une véritable ruée vers l’or !

Les développeurs de projets se précipitent pour sécuriser le foncier et signer les baux avec les agriculteurs pour s’assurer d’évincer la concurrence. 2 000 et 4 000 euros par hectare et par an, selon la zone géographique, selon le Reporterre; certains peuvent faire « monter les enchères » et aller jusqu’à 5 000 euros, voire beaucoup plus.

«Depuis un an, c’est la course à l’échalote sur le terrain», admet Olivier Dauger, vice-président de la FNSEA dédié aux questions d’énergie et de climat et désormais coprésident de France Agrivoltaïsme.

Un besoin de cadrage

Alors que le décret sur l’agrivoltaisme et du photovoltaique dans les terres agricoles est fortement attendu, du côté des agriculteurs comme celui des promoteurs, le besoin de cadrage se fait ressentir. Peu de recul aujourd’hui pour légitimement affirmer les impacts positifs promis par les promoteurs de l’agrivoltaisme: amélioration du potentiel et de l’impact agronomique, adaptation au changement climatique, protection contre les aléas, amélioration du bien-être animal.  Quel impact sur les terres agricoles? quel avenir pour le paysage agricole ?quelles sont les limites de cette technologie.

Devant le développement massif prévu de cette technologie, le syndicat des Jeunes Agriculteurs alertent contre le risque de cette activité sur le rendement agricole et donc sur notre souveraineté alimentaire. Ils réagissent notamment au taux de couverture qui a été acté dans le projet du décret: « Un taux d’emprise au sol plafonné à 40% a été acté. Or, un taux à 40% n’est pas compatible avec une production agricole rentable et durable. Un tel taux de couverture engendre des baisses de rendement de 38% en moyenne ! ».

 

En résumé, l’agrivoltaïsme peut être une approche intéressante pour maximiser l’utilisation des terres et pour produire une énergie décarbonée. Mais son développement ne doit pas se faire aux dépens du rendement agricole ni déséquilibrer la répartition des revenus  entre énergéticiens, exploitants et propriétaires.

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