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Et si vos déchets ménagers vous permettaient de compter pour une filière énergétique française ? C’est ce qui est possible par la méthanisation qui consiste à produire du méthane de manière biologique. En parallèle, depuis 2024, la loi impose à tous les professionnels de trier les biodéchets. Elle vise à développer la filière en zone urbaine et péri-urbaine. Mais à condition de vaincre les oppositions.

 

La méthanisation, cette technique nommée “fermentation anaérobie”, majoritairement en zone rurale, offre une énergie renouvelable tout en valorisant les matières périssables. Pour l’heure, ce sont majoritairement les agriculteurs qui profitent au développement de la filière en développant des méthaniseurs dans leurs exploitations afin de diversifier leurs revenus. Cependant, la loi AGEC 2024 impose aux professionnels et aux collectivités de lettre à disposition des solutions de collecte des biodéchets aux particuliers. Un tel dispositif tend à proposer un développement de la filière en zone urbaine au travers d’exploitations de micro méthanisation.

Quelle est la valeur d’un tel marché ?

Alors que les biodéchets représentent 30% du contenu des poubelles des Français et que cela représente 83kg / an / habitant, on estime que 5,5 millions de tonnes de biodéchets alimentaires finissent chaque année incinérées ou enfouies au lieu d’être compostés et valorisés. En parallèle, une étude de l’ADEME issue de la collecte des déchets par le service public évoquait jusqu’à 7 millions de déchets verts (ou déchets de jardin) collectés en méthanisés en 2013.

En d’autres termes, l’intégration des biodéchets alimentaires offrirait une croissance d’environ de moitiés le marché actuel.

 

Mais dans les faits, avec x tonnes de déchets, on fait quoi ?

Sia Partner a développé un rapport proposant un exemple avec une unité de méthanisation qui traite 15 000 tonnes/an de déchets. Ce traitement se valorise en 2 temps : la méthanisation puis le digestat.

La méthanisation :

  • De couvrir la consommation d’environ 100 bennes à ordure ou de 60 bus urbains ;
  • d’assurer le chauffage de 700 maisons ou l’eau chaude sanitaire de 3 500 maisons ;
  • D’assurer par cogénération l’électricité spécifique de 1 300 logements, plus l’eau chaude pour 2 000 autres.

Le digestat :

Le digestat qui se présente au travers des restes non entièrement décomposés parle processus d’aérobie se valorise des manières suivantes :

  • Du compost dans le cas de déchets fermentescibles,
  • Permettra de combler certaines décharges dans le cas où ils seraient composés de polluants ou de matières inertes.

 

La méthanisation à l’attaque des zones urbaines

Afin de faire marcher une unité de méthanisation, il est nécessaire d’avoir un apport en déchets assez important et régulier. Ainsi, les zones industrielles et toits d’hypermarchés sont les zones cible privilégiées.

La start-up Bee & Co, par exemple, propose des unités de micro-méthanisation dans des conteneurs directement livrables et utilisables. Une telle unité est déjà en place sur le toit d’un centre commercial à la suite de son installation par Véolia.

En réalité, la chaîne de valeur de la méthanisation se développe tant qu’elle débute sa segmentation par expertise. Si le processus d’hygiénation des biodéchets était réalisé à la ferme, on assiste au développement d’une branche spéciale qui lui est dédié. Il en est de même avec les services de collecte et transport dont le domaine se spécialise comme l’entreprise Bin’Happy le montre en Normandie.

 

Unité de méthanisation dont le concepteur est BioBeeBox. C’est la première mondiale inaugurée sur le toit d’un centre commercial à Marseille.

 

Mais un problème réside, le vert et le durable OUI, mais loin de Moi

Voilà que le vilain ennemi de la transition énergétique fait surface comme à son habitude lors du développement d’une filière industrielle : le phénomène NIMBY, pour “not in my back yard” (que l’on traduit par, Pas de ça chez moi).

Les oppositions à la méthanisation se font entendre. Toutefois, un sujet réside, parfois plus silencieux mais tout autant important : la valorisation de la participation. En réalité, dans de nombreux cas de développement d’industrie et en l’espèce durable, ce qui attise la réfraction des citoyens et des acteurs est sujet à l’injustice dont ils sont victimes. L’intégration de certains projets se fait parfois au détriment d’individus qui n’ont pas été accompagnés dans le processus de transition.

L’avenir de la méthanisation

La méthanisation n’est pas qu’un projet énergétique, mais un projet de souveraineté locale voir nationale. A l’heure ou Joe Biden, impose un moratoire sur la fin d’une exploitation et exportation sans limite de GNL, il est nécessaire de promouvoir une énergie verte et locale. Depuis les explosions des gazoducs Nord Stream 1 et 2, les relations énergétiques avec la Russie sont rompues et cela rend le vieux continent sensible face à ses besoins énergétiques et ses relations internationales.

Ainsi, une bonne gestion des développements de projet de méthanisation urbaine est de mise. La simple consultation verticale du haut vers le bas ne suffira pas. L’implication des citoyens dans les projets d’autonomie de leur quartier, département, région et nation est un enjeu clé.

 

Reste à déterminer comment un processus d’accompagnement transparent et inclusif sera développé par les collectivités ?

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