La 22ème édition de la Coupe du Monde de football masculin a eu lieu au Qatar et s’est soldée par une défaite cruelle pour la France en finale. Mais encore plus cruelle pour l’Environnement.

Une attribution polémique

L’attribution de la Coupe du monde au Qatar en 2010 avait dès lors défrayé les chroniques journalistiques : une culture footballistique très peu présente, des infrastructures sportives et hôtelières inexistantes, une période de l’année où les températures atteignent les 40 degrés… Puis des soupçons de corruption, un calendrier inadéquat et surtout un constat accablant sur les chantiers des stades.

Un Mondial soi-disant « neutre en carbone » : un mensonge aux yeux du Monde

En effet, la construction des stades a été une priorité pour le pays, l’un des plus grands exportateurs de gaz au monde. Cette manne financière a permis, en l’espace de 10 ans, la construction de six stades et la modernisation de deux autres, au prix de millions de dollars et de sang. Selon une enquête du Guardian, ce sont près de 6500 travailleurs étrangers qui seraient décédés lors de ces travaux. La Fédération Internationale, elle, fermait les yeux et annonçait la construction de stades « verts » en 2016.

Des stades verts, ou plutôt bleus glacés 

Au Qatar, les températures peuvent atteindre près de 45 degrés. Sous ces conditions, il est humainement impossible de réaliser une activité sportive de haute intensité. Pour contrer ces périodes de chaleur sèche, le Mondial a été décalé entre Novembre et Décembre 2022 : une première dans son histoire (et la hausse des températures aidant, peut-être pas la dernière !!).
Toutefois, cela se révélait insuffisant, le climat à cette période étant toujours chaud et aride. La solution mise en place a de quoi surprendre : la climatisation à ciel ouvert. De plus, cette initiative ne fait que renforcer la production de chaleur, notamment par les émissions de fluides frigorigènes, alimentant dès lors le réchauffement climatique. Mais aussi la production de CO2. Pour l’anecdote, certains joueurs auraient, en plein désert… attrapé froid à cause d’une climatisation trop importante.

L’heure du bilan pour un mondial spectaculairement gourmand en émission de gaz à effet de serre

En effet, si le spectacle a été au rendez-vous tout au long des rencontres sportives, avec près de 172 buts marqués (faisant d’elle la plus prolifique de l’histoire) elle se démarque aussi par son cout énergétique.
L’ONG Carbon Market Watch, a estimé en octobre 2022 que ce sont plus de 3 mégatonnes de CO2 équivalent qui seront émis. Les déplacements des supporters et équipes la climatisation et surtout la construction des stades sont autant de causes à mettre en évidence.
Ce chiffre abstrait est à mettre en lumière, grâce au site impactco2.fr, proposé par l’ADEME. 3 mégatonnes de CO2 équivalent, cela représente autant d’émissions de CO2 que fabriquer plus de 95 millions de téléphones portables, ou plus de 413 millions de repas contenant du bœuf…

Alors quelles solutions pour la future Coupe du Monde ?  

Évidemment, ce constat est accablant et très peu flatteur, pour un monde qui prend à peine conscience des enjeux climatiques à surmonter. Pour 1 mois de compétition, elle aurait généré plus de 7,2 milliards d’euros : une manne financière indéniable, poussant les investisseurs a fermer les yeux sur les conséquences climatiques de son organisation.

Pour la future Coupe du Monde, certaines solutions devraient être envisagées pour limiter l’impact sur l’environnement :

  • Éviter la construction des stades, mais utiliser et rénover ceux déjà construits. Le tout en harmonie avec le droit du travail.
  • Réduire les trajets en avion. Cette possibilité semble déjà mise de côté pour le futur Mondial, qui se déroulera entre le Mexique, les États-Unis et le Canada…
  • Réduire la consommation énergétique des stades ou utiliser au maximum des énergies renouvelables. L’utilisation de panneaux solaires pourraient être intéressante. Ces pays ont effectivement un fort taux d’ensoleillement durant cette période.
  • La production de matériels, de maillots et de ballons, génère aussi de nombreux déchets ; la FIFA pourrait imposer à l’avenir des matériaux plus vertueux

 

Le football continuera d’agiter les foules !

En conclusion, le football est un sport planétaire qui rassemble les foules. A chaque Coupe du Monde, des milliards de spectateurs suivent assidument cet évènement. A cet égard, il serait plus qu’intéressant que les institutions footballistiques donnent l’exemple, en étant irréprochables sur l’organisation de ce tournoi. Cela passe par une organisation la plus neutre en émission carbone possible. Si le sport est essentiel pour les peuples, la protection de la planète doit l’être encore plus.

 

Jean-Philippe Aubin
MS Acteur Pour la Transition Energétique

 

Sources :

Coupe du monde 2022. Corruption, ONG… Retour sur 12 ans de polémiques sur l’attribution du Mondial.

Le Qatar, petit État mais géant du gaz

Coupe du monde 2022 : pour l’environnement, un événement au stade critique

Poor tackling: Yellow card for 2022 FIFA World Cup’s carbon neutrality

Coupe du monde au Qatar : écologique, vraiment ?

Impactco2 : l’outil qui permet de calculer ses émissions d CO2 en actions précises

Mondial 2022 : 2,95 millions de billets vendus.

 

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