Nos économies occidentales sont bien souvent basées sur un modèle efficace mais non résilient : planifier – produire – jeter. Ce modèle de fonctionnement n’est pourtant pas une fatalité. Pour que le monde d’après ne ressemble pas au monde d’avant, l’économie de demain devra se soucier du cycle de vie de ce qu’elle produit, et anticiper la fin de vie, pour éviter que les poubelles ne se remplisse au rythme où les ressources s’épuisent. L’économie de demain devra être circulaire.

Une question de responsabilité.

Il a souvent été demandé aux entreprises de réduire et valoriser leurs déchets, pensant que la composante de déchets émis lors de la production était l’unique source de responsabilité des industriels. Dans l’imaginaire collectif, l’acte d’achat est le lieu d’un transfert de responsabilité de la part du producteur vers l’acheteur. Ainsi, il est encore fréquent de voir de grandes entreprises pointer du doigt les seuls consommateurs, dont les mauvaises habitudes (et le manque de savoir-vivre) seraient l’unique cause des pollutions aux plastiques, oubliant ainsi l’origine même de la pollution : la production.

Car s’il est évident que l’éducation de l’usager pourrait seule éviter le déversement de quelques 500 milliards de morceaux de plastiques qui flottent ainsi dans nos océans, une question demeure : que deviennent les presque 500 millions de tonnes de plastique produits chaque année ? Le problème est vaste, et la nuisance systématique, ainsi revenons à l’adage bien connu : « le bon déchet, c’est celui que l’on ne produit pas ».

Pour cela il est essentiel de lancer une réflexion importante sur les modèles économiques, ainsi que les stratégies marketing au sein des entreprises productrices de produits à courte durée de vie.

La REP suffit-elle à fermer le cycle ? 

Pour mieux penser la responsabilité de la pollution liées aux déchets, un outil réglementaire existe : la REP, pour Responsabilité Élargie des Producteurs. Le principe est simple : les producteurs sont désignés responsables de la fin de vie des objets qu’ils produisent, et se doivent de mettre en place des actions pour traiter cette fin de vie.

Collecter, trier et recycler les déchets sont des compétences difficiles à acquérir, et les thématiques environnementales, d’hygiène et de sécurité sont particulièrement importantes dans ces métiers. Le choix a donc été fait de créer et faire appel à des éco-organismes (EO), dont le rôle est de gérer la fin de vie des différents produits. Ces organismes se financent ainsi à travers une écotaxe, payée par les producteurs (et ultimement, le consommateur), qui permettra ainsi de transférer la compétence, et la responsabilité du producteur vers l’éco-organisme. Les REP permet aujourd’hui de recycler 8,1 millions de tonnes de déchets, grâce à un financement de plus de 1,7 milliards d’euros, une partie de ce budget venant irriguer les services de collecte, tri et traitement, des collectivités locales.

Le « problème du déchet » est-il réglé pour autant ? Que deviennent les déchets collectés par ces éco-organismes ? Là-dessus, les visions diffèrent…

Penser filière.

Si les chiffres avancés semblent convaincants, ils sont souvent mis en avant pour montrer que l’on parvient à collecter et recycler les produits traités par les EO. Et c’est un peu là que le bât blesse, car il y a une différence fondamentale en recycler un produit à 50% et recycler 50% des produits. Et si les techniques de recyclage sont encore promises à de grandes innovation, les performances aujourd’hui ne sont pas toujours intéressantes, et il est parfois même impossible de récupérer tous les composants d’un déchet.

C’est par exemple le cas pour les batteries au Lithium. Pour ces accumulateurs, certaines techniques de recyclage poussées permettent de récupérer une partie du Lithium présent dans l’électrolyte de la batterie, mais les techniques les plus communément utilisées, moins chère et moins énergivores ne permettent de récupérer les métaux les plus chers : Cobalt et Nickel.

Car le recyclage est un business comme les autres, et l’évolution de ce marché dépendra avant tout de sa rentabilité, et donc avant tout du prix des matières première récupérées en fin de cycle. La mise en place de la filière est donc en partie aux mains du marché des matières premières. Les fluctuations dans les cours, parfois rapides et imprévisibles, laisseront-elle le temps aux acteurs de construire cette filière ?

Les alternatives ? 

Les alternatives au recyclage tendent toutefois à émerger. Le réemploi, la réutilisation, la réparation, sont autant d’outils permettant de donner une seconde vie aux produits, sans avoir à dépenser l’énergie et l’argent nécessaire à leur recyclage. Ces alternatives font leur apparition dans les habitudes des consommateurs, mais leurs modèles économiques peuvent parfois rendre l’opération couteuses, reposant bien souvent sur des processus parfois complexes et intensifs en main d’œuvre, plaçant le prix de l’opération au même niveau (et souvent au-dessus) du prix du neuf.

Finalement c’est bien à cela qu’une simple réflexion sur la gestion des déchets nous amène : comment revoir nos modes de production, et nos modes de consommation, pour étendre et permettre une seconde vie aux biens de consommation qui nous entourent ?

N’hésitez pas à donner votre avis dans la section commentaires.

Sources:

Mémo REP de l’ADEME: https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/filieres-a-responsabilite-elargie-producteurs-rep

Quelles sont les limites du recyclage ? : https://www.ecoconso.be/fr/content/quelles-sont-les-limites-du-recyclage#:~:text=R%C3%A9sultat%20%3A,et%20de%2038%25%20en%20Belgique.

Production de déchets en France: https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2021-06/datalab_essentiel_249_bilan_2018_dechets_juin2021.pdf

Le plastique en 10 chiffres : https://www.nationalgeographic.fr/le-plastique-en-10-chiffres

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