C’est une première mondiale ! La France interdit la vaisselle en plastique jetable dans les enseignes de la restauration rapide, pour les repas servis sur place. Zoom sur cette mesure innovante, qui comporte toutefois des zones d’ombre.
Un constat accablant
Les emballages jetables représentent plus de 180.000 tonnes de déchets chaque année. Rarement recyclés, ils finissent, pour 80% d’entre eux, au fond des zones aquatiques. Cette pollution préoccupante a désormais un sinistre témoin : le vortex de plastique. Aussi appelé le 7ème continent, cet amas flottant de déchets plastiques au cœur de l’océan Indien, rappelle qu’il y a urgence.
La fin du plastique à usage unique dans les Fast-Food
Le projet de création de la loi anti-gaspillage remonte à 2020. Elle prévoit la fin totale de la mise sur le marché d’emballages plastiques à usage unique, d’ici à 2040. Le déploiement des mesures va donc être échelonné. Ainsi, au fil du temps, les milieux médicaux, cosmétiques, et des grandes distributions seront impactés, avec une réduction de l’usage de matériaux à base de micro-plastique.
Mais revenons aux Fast-Food : désormais, toute enseigne, accueillant plus de 20 personnes, devra se munir de vaisselle réutilisable. Les grandes marques ont décidé de se tourner vers du plastique dur et lavable. Il faut souligner qu’il sera quand même plus écologique d’utiliser de l’eau pour laver la vaisselle, que de produire des plastiques à usage unique. En effet, la fabrication de ces derniers nécessite une quantité d’eau bien plus importante : blanchiment, coloration… sont autant de processus très gourmands en eau et énergie.
Pour tout contrevenant la loi prévoit des sanctions pénales et administratives. Des amendes de 3.000 à 15.000 euros sont prévues, pouvant être assortie d’une mise en demeure et d’une astreinte journalière.
Un accueil mitigé par les associations anti-gaspillage
Toutefois, combattre le plastique jetable par un plastique réutilisable n’est pas forcément le remède miracle. L’association Zero Waste France regrette que le matériel de remplacement ne soit pas plus durable. En effet, la durée de vie de ce type de plastique ne dépasse pas les 500 cycles d’utilisation, soit à peu près 1 an (sans compter le nombre de vols et de disparitions, qui obligeront les enseignes à renouveler fréquemment leurs stocks).
En outre cette mesure est limitée par la jauge d’accueil de 20 personnes. Cela exclut de facto de nombreuses petites enseignes. Malheureusement, il faut s’attendre à ce que certains commerces revoient à la baisse leur nombre de couverts, afin de ne pas être soumis à cette nouvelle loi.
Aussi, les sanctions pécuniaires ne semblent pas à la hauteur. Ces dernières, assez peu élevées, ne seront pas prohibitives pour les grands groupes, pourtant les principaux visés.
Enfin, le consommateur peut décider de commander à emporter puis s’installer sur place. Dans ce cas-là, le flou est total ; les enseignes ne peuvent raisonnablement pas chasser leurs propres clients ! Il s’agira de répondre à cette interrogation dans le futur.
MS Acteur Pour la Transition Énergétique
Sources :
https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire
https://reporterre.net/Les-repas-a-emporter-principale-source-de-pollution-marine
Belle introduction à un sujet ô combien complexe. L’avenir nous dira si les acteurs du secteur seront à la hauteur de l’enjeu du siècle. Merci pour cet article et pour cette plume acérée.
Merci pour ta lecture attentive et ton appréciation ! Au plaisir d’échanger sur ce sujet 🙂
Un sujet complexe mais habilement traité par l’auteur français !
Pour sa première réalisation, Jean-Philippe Aubin nous expose ici une tribune éloquente dans sa clarté et son argumentation, qui ferait rougir un gagnant du Pulitzer.
Avec sa plume agile et son ton mesuré, Aubin s’affiche d’ores et déjà comme une future figure de proue de la presse française. Chapeau l’artiste !
Merci Léopold ! Je suis flatté par ton doux commentaire : sur internet c’est assez rare pour être souligné !