Le projet d’aménagement de Pirmil les Isles se situe sur les communes de Nantes et Rezé et s’étend sur plus 20 ans, allant jusqu’en 2037. Le projet Pirmil les Isles se caractérise par la volonté de créer une « ville-nature » et en faire le cœur du projet afin de s’adapter au changement climatique. De premiers éléments de réponse sont apportés pour répondre à ces besoins, notamment grâce à l’intégration de démarches expérimentales aux premières étapes du projet urbain et en apportant la preuve de la viabilité des nouvelles approches [1].
Contexte et enjeux du projet
Le territoire de Pirmil les Isles, caractérisé de territoire composite, à subit de nombreuses transformations au cours des derniers siècles. Avant la seconde guerre mondiale, la Loire occupait plus de place. Pirmil les Isles était composé de plusieurs îles souvent submergées. C’est après la guerre que des entreprises de remblaient sont intervenues pour créer des plateformes, faisant disparaitre les îles pour faire place au territoire actuel [2].
Les abattoirs de Nantes : héritage du site
Les abattoirs de Nantes jouent un rôle important dans l’aménagement de ce territoire. Initialement placés à Talensac en 1933, les abattoirs de la ville représentent à l’époque un enjeu de sécurité alimentaire. Avec l’urbanisation du quartier, le lieu devient ainsi trop petit et se déplace à Rezé en 1933 à Pont-Rousseau. Puis à nouveau déplacé sur la route de Pornic en 1975. Et ferme définitivement leurs portes en 1995 (ne pouvant assumer la mise aux normes européennes). Le site des anciens abattoirs de Rezé, représentant 15 hectares, est ensuite délaissé pendant 20 ans [3]. Cette friche délaissée, fait partie du projet de l’aménagement de la première phase de Pirmil les Isles. L’un des enjeux du projet au regard de l’aménagement des sols, c’est d’intervenir sur un territoire malmené. Et construit sur des terrains remblayés sur lequel l’industrialisation et le retrait d’une partie de celle-ci ont laissé de nombreux terrains pollués et en friches.
La Loire emblème du projet de Pirmil les Isles
Le fleuve de la Loire se sépare en deux bras à l’arrivée sur Nantes. Le bras de la Madeleine, situé au nord de l’île de Nantes et le bras de Pirmil longeant les communes de Pirmil et Rezé. La Loire parcourant le bras de Pirmil s’accélère en parti grâce à l’embouchure de la Sèvre Nantaise et vient taper directement le zone de Basse île, créant ainsi un dépôt important de sédiments le long du bord de fleuve [4]. On retrouve ainsi le long de la zone un dépôt de sédiments. Ce dépôt étant plus important que dans toutes les autres régions nantaises proche de la Loire. Créant ainsi une dynamique naturelle favorisant des milieux réservoirs de biodiversité important. Cela représente ainsi une opportunité unique dans la région. Cette dynamique naturelle représente les fondamentaux du projet de Pirmil les Isles. L’objectif du projet devient alors la création d’un projet de « ville-nature » pour Pirmil les Isles dans lequel la renaturation de l’espace et le développement/préservation de la biodiversité deviennent centrale [5].
Les éléments phares de Pirmil les Isles
Fertilisation des sols et mise en continuité : la trame brune
Le processus de reconquête de la nature commence par le sol [3]: les sols dans la collectivité sont majoritairement imperméabilisés (héritage industrielle) et peu fertile, il faut donc le renaturer c’est-à-dire améliorer leur fertilité en enrichissant les sables profonds du site avec très peu de terre et du compost. L’objectif principal pour maximiser la trame brune est de faire avec les ressources présentes sur place et non d’importer de terres arables. Ce travail de fertilisation des sols et mise en continuités de sols favorisera la microfaune. Et permettra le retour d’un sol vivant au sein duquel une végétation adaptée à cette zone géographique pourra se développer. Ce sol permettra la construction d’un parc fluvial et d’installer une canopée c’est-à-dire un ensemble d’arbre suffisamment important pour que les futurs habitants puissent traverser le quartier par des parcours ombragés (canopée d’ampleur pour lutter contre les ilots de chaleur urbain) sera constitué de plus de 50 milles arbres (7 arbres par habitants comparé à une moyenne de 0,5 à Nantes [6]).
Projet jardin du Transfert : première étape du projet urbain
Pour mettre au point ces espaces naturels, une expérimentation dans un jardin de test au préalable a été imaginée afin de minimiser les apports de terre extérieurs et favorisé le réemploi du sol du site [3]. Au cœur du futur quartier, sur une friche industrielle (anciens abattoirs de Rezé), le site du transfert accueille une zone expérimentale, depuis 2018, combinant plusieurs fonctions [7]:
- Tester différentes essences arborées. On plante ainsi 17 espèces et on les choisit pour leur capacité à résister à un milieu sec.
- Des mets des parcelles en places d’essais. Des plantations plus jeunes et plus denses que celles que l’on peut retrouver habituellement en ville. Cette méthode devrait permettre un fonctionnement plus naturel des milieux.
- Retrouver un sol fertile : mise en place de parcelles composées de plusieurs essais de proportions différentes entre terre végétale. L’objectif est de retenir l’eau et apporter de la matière organique.
Jardin test du Transfert (Source : Nantes aménagement)
Parc fluvial des Isles
Le fleuve de la Loire est une ressource emblématique du projet de Pirmil les Isles, ces zones humides et ces espaces inondables créés des réservoirs de biodiversité et favorise le cheminement des eaux pluviales. Un parc fluvial sur 4 hectares en bord de Loire va être réalisé, paysage qui sera marqué par l’ouverture sur le Loire, des prairies accessibles et des berges en pentes douce permettront l’installation spontanée des milieux et les mouvements de la Loire (crue et hypothèse d’élévation du niveau de la mer d’un mètre à l’échéance 2100). Un second parc, le jardin de la cale Aubin [8], est ouvert aux habitants (ouverture en juillet 2022), cet espace de 5000m2, permet de tester en condition réelles les principes d’aménagement du futur parc fluvial en bords de Loire. L’objectif principale est de remplacer les berges abruptes par une pente douce naturelle. Ainsi, ce type de techniques permettrait à la fois d’offrir un abri à la faune et la flore local. De favoriser les échanges en l’eau et les berges. Ce qui est essentiels pour l’épuration naturelle des eaux d’écoulement mais représente également de la souplesse en cas de crue.
Schéma du Jardin de la cale Aubin (Source : Nantes aménagement)
Projet de Pirmil les Isles : un projet test réplicable
Ce projet se caractérise par la volonté de créer une « ville-nature » et en faire le cœur du projet. Cet objectif se matérialise par l’expérimentation de nouvelles techniques d’adaptation à un monde face au réchauffement climatique. Afin de concrétiser des ambitions d’un projet qui se veut s’adapter au changement climatique. Il devient important de mobilise un travail d’anticipation de ressources et de nouvelles filière. Dans le cadre du projet de Pirmil les Isles, on apporte de premiers éléments de réponse pour y répondre. Notamment grâce à l’intégration de démarches expérimentales aux premières étapes du projet urbain. En apportant également la preuve de la viabilité des nouvelles approches (jardins tests).
Dans son article « Éloge du pas de côté à Pirmil-les Isles », Sylvain Grisot exprime bien les attentes qui pèsent sur ce projet : il faut « réussir ici, et faire partout » [9]
Sources :
[1] Nantes : Que devient le grand projet urbain Pirmil-Les Isles ? (20minutes.fr)
[3]Rapport de Présentation du dossier de création de ZAC (calameo.com)
[4] La Loire (fleuve). (cosmovisions.com)
[5] Projet Pirmil Les Isles | NMA – Nantes Métropole Aménagement (nantes-amenagement.fr)
[6] Le nouveau visage de Pirmil – Les Isles se précise | metropole.nantes.fr
[8] Pirmil–Les Isles : le jardin-test de la cale Aubin ouvre au public | metropole.nantes.fr
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