« Réfléchir par le haut » est une méthode utilisée en urbanisme pour gagner en surface en limitant les coûts de construction. Ce concept peut recouvrir d’autres réalités. La végétalisation des toits et des terrasses connaît actuellement un renouveau dans les mégalopoles. C’est un nouvel éco-système urbain.
Un environnement vertueux, qui n’est pas nouveau
Le toit végétal, une innovation?
D’un bout à l’autre de la planète, végétaliser les toits des habitats était chose courante par le passé ; c’était notamment le cas des indiens d’Amérique. Les vikings utilisaient également ce procédé pour éviter les incendies et apporter un confort de vie (thermique) à leurs habitants.
Depuis plusieurs années, voire décennies, des pays comprenant des villes très peuplées réfléchissent à ce sujet. Certains ont prévu des quotas ; d’autres, des incitations pour augmenter les surfaces végétalisées sur les bâtiments. Ainsi, à Tokyo, la municipalité oblige la création de jardins sur le toit des immeubles pour compenser le manque d’espaces verts de la capitale nippone.
Plus proche de nous, en Allemagne, en moyenne, 15 km² de toiture sont végétalisés annuellement, permettant de récupérer 6% de la surface perdue au préalable pour les constructions.
Quels en sont les apports?
Avantages d’un toit végétalisé
A quoi ressemble une toiture végétalisée?
Cette structure comprend plusieurs sous-structures :
- un support porteur,
- un isolant thermique,
- un complexe d’étanchéité,
- et un complexe végétal.
Les toitures végétalisées comportent de multiples avantages :
- Protection de l’étanchéité (le complexe végétal utilisé protège le bâti) ;
- Isolation thermique et acoustique (la mise en place d’un toit végétal permettrait de limiter la consommation d’énergie et de baisser les nuisances sonores) ;
- Rétention d’eaux pluviales (dont le degré de rétention dépend de la composition végétale installée, variant entre 40% et 90%).
D’autres aspects positifs se dégagent de cette végétalisation, comme l’amélioration de la biodiversité, la lutte contre les ilots de chaleur et enfin, l’amélioration du cadre de vie pour les habitants.
Alors, pourquoi tant de timidité chez les architectes français ?
En France, un mode architectural en voie de développement
Un cadre règlementaire français assoupli
Jusqu’à récemment, si les plans locaux d’urbanisme (PLU) étaient très restrictifs, il n’était pas possible d’installer de telles toitures.
Depuis la version de 2021 de l’article L152-5-1 du code de l’urbanisme, les choses ont évolué. Ainsi cet article, dans sa nouvelle rédaction, prévoit des possibles dérogations aux plans locaux d’urbanisme (PLU) pour autoriser « l’installation de dispositifs de végétalisation des façades et des toitures en zone urbaine ».
L’exemple francilien
En 2018, l’agence régionale pour la biodiversité (ARB) d’Ile de France a conduit une étude appelée GROOVES Green-Roof-Verified-Ecosystem-Services-summary-report ; celle-ci portait sur 36 projets locaux de toiture végétalisée.
Les critères retenus pour cette étude étaient les suivants : des constructions récentes (telle La Seine Musicale à Boulogne Billancourt par exemple), bâtiments publics ou privés, situés à Paris et proche banlieue.
La Seine musicale, Boulogne-Billancourt
Le constat : un degré de biodiversité sur ces toits très élevé ; et sans comparaison avec d’autres environnements urbains. Il a été observé près de 400 plantes, notamment 292 espèces vasculaires (plantes comprenant des racines, des feuilles et un système vasculaire permettant le circuit de la sève et de l’eau, soit la plupart des plantes que nous connaissons).
Sur ce nombre de 292 espèces, 70% considérées comme ayant été générées spontanément (par le vent ou les animaux).
Il est à prévoir que les français vont s’emparer de ce nouvel outil pour améliorer leur confort tout en oeuvrant notamment pour la biodiversité.
Pauline Aouillé-Mailliard
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