Il existe deux types de jeux : fini et infini. Les jeux finis ont pour objectif de vous voir battre vos adversaires, les jeux infinis ont pour objectif de vous faire continuer à jouer. Quel est le bon état d’esprit à adopter dans ce contexte ?

Deux types de jeux : infini et fini

Dans l’article précédent, nous parlions de coopération et de compétition, et de la possibilité de construire un jeu permettant de maximiser les gains collectifs, et les gains individuels. Nous allons maintenant parler des deux types de jeux que l’on peut rencontrer: les jeux finis et les jeux infinis.

Un jeu fini est un jeu aux règles fixes, dont les joueurs sont connus, et pour lequel le terme est convenu. Gagnants et perdants sont facilement identifiables à la fin du jeu.

Exemple de jeu fini : le football. Au football, 22 joueurs s’affrontent sur un terrain, les règles sont connues (on joue avec les pieds, la balle doit rester dans le terrain…), et au bout de 90 minutes et d’un éventuel temps additionnel, l’équipe qui a marqué le plus de buts est déclarée vainqueur.

Un jeu infini est un jeu auquel jouent des joueurs connus et inconnus, certains vont et viennent, les règles peuvent être changées, et il n’y a pas de terme convenu. Il n’y a pas de gagnants ou de perdants : le jeu se perpétue tant qu’il y a des joueurs et qu’ils ont les ressources pour jouer.

Exemple de jeu infini : le mariage, l’amitié, la politique, le business. 

Dans le monde économique, certains joueurs ne savent pas à quel jeu ils jouent

Notre société est peuplée de joueurs à l’état d’esprit « fini » ou « infini ». Leur terrain de jeu étant le même, les joueurs « finis » et « infinis » se croisent et adoptent des stratégies différentes.

Le joueur finite mindset veut être devant les autres. Ce qui l’intéresse c’est de battre la concurrence. Il multiplie donc les études concurrentielles et base toute sa stratégie sur la prochaine action des autres joueurs. La métrique qui l’intéresse, c’est le classement.

Le joueur infinite mindset ne cherche qu’une chose : réaliser sa mission au mieux et progresser jour après jour. Sa seule concurrence est lui-même et il passe 100% de son attention, focalisé sur sa mission. Sa métrique de succès dépend de sa vision. Il veut satisfaire son client et lui-même, dans la réalisation de son travail.

Dans The Infinite Game, Simone Sinek raconte avoir assisté à des sommets sur l’éducation chez Apple et Microsoft. Chez Microsoft, une majorité des employés ont passé la majorité de leur présentation à expliquer comment ils allaient battre Apple. Chez la firme à la pomme, 100% des employés ont passé 100% de leur présentation à expliquer comment ils allaient aider les étudiants à étudier, et les enseignants à enseigner. 

Dans le premier cas, les acteurs jouent à un jeu fini, et ne cherchent qu’à satisfaire des métriques comptables, très souvent arbitraires. Le règne de Steve Ballmer à la tête de Microsoft a été fortement marqué par cet état d’esprit, emprunte d’une compétition aveugle. Dans le deuxième cas, la mission compte plus que tout, justifie l’existence de l’entreprise, et est au service de sa raison d’être.

Être premier, mais selon quelle métrique ? Chiffre d’affaires ? Bénéfice ? Dividendes ? Nombre de démissions ? Nombre de photocopies ?

Les entrepreneurs avec un infinite mindset savent que « des fois on est devant, des fois derrière ». La seule personne contre laquelle ils se battent, c’est eux-mêmes.

Pas d’écologie sans un jeu infini ?

Vous l’aurez certainement compris, perpétuer un jeu infini nécessite de faire les bons choix, voir ses compétiteurs comme des rivaux (non des adversaires) et mettre en place des stratégies durables.

Une stratégie durable est une stratégie qui vous permettra d’être performant, ou simplement de toujours être présent, sur le long terme. Or ces choix de long terme sont les seuls à même de refléter la réalité du changement climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de l’épuisement des ressources.

Dans le même temps, les adeptes du jeu fini n’étant accaparés que par leur compétition, ils ne pourront réagir qu’en étant au pied du mur. Ces entreprises-là se caractérisent bien souvent par une faible capacité à innover, ou sous l’unique pression de la concurrence. Elles ne peuvent donc pas faire partie des entreprises pionnières, et auront besoin de quantifier leur impact pour pouvoir agir, de façon à satisfaire une métrique supplémentaire.

Bien sûr, s’il paraît évident qu’une entreprise ayant un infinite mindset semble être la seule en mesure de pouvoir se positionner dans la transition énergétique et écologique en cours, cette condition n’est malheureusement pas suffisante. Il paraît de plus évident que le caractère perpétuel du jeu infini est en contradiction avec la finitude de notre planète et de nos ressources.

Être écolo : voir loin et faire les bons choix

Car la problématique est bien celle-ci : le jeu économique continuera existera toujours, alors comment faire en sorte qu’il soit durable ? Il faut promouvoir les entrepreneurs avec un infinite mindset qui servent les bonnes causes, et les bonnes personnes.

Pour faire les bons choix, il faut savoir ce qui est important. C’est en cela que les personnes qui s’investissent dans la lutte contre le changement climatique ont, eux aussi, un infinite mindset. En mettant leur vie de côté pour se battre pour une bonne cause, ils reconnaissent que les dangers qui nous menacent sont bien trop importants pour continuer leur vie comme si cette menace n’existait pas. Certains ont même choisi des modes de vie compatibles avec un effondrement de notre société thermo-industrielle.

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *