Les compensations carbone sont censées permettre aux entreprises et aux individus de compenser les émissions de gaz à effet de serre qu’ils produisent en investissant dans des projets de réduction des émissions, tels que la plantation d’arbres ou l’installation de panneaux solaires.

Cependant, les compensations carbone peuvent ne pas fonctionner efficacement. Etudions ces raisons ensemble.

 

Des mesures d’émissions carbone imprécises

Il peut être difficile de mesurer avec précision les émissions de gaz à effet de serre qui sont compensées par un projet spécifique. Par exemple, des projets de reforestation peuvent être critiqués, car les essences replantées ou l’âge des arbres peut faire varier la quantité de carbone captée. Il est donc possible que des projets de réduction des émissions ne compensent pas complètement les émissions qu’ils prétendent compenser.

Cela signifie que les émissions nettes de l’entreprise ou de l’individu qui effectue la compensation ne diminuent pas autant qu’ils le prétendent. Que ce soit volontaire ou non.

 

Des projets « bénéfiques » de mauvaise qualité

Il existe des problèmes de qualité pour certains projets de réduction des émissions, qui peuvent ne pas être aussi efficaces ou durables qu’ils le prétendent. Par exemple, les arbres plantés dans le cadre d’un projet de compensation carbone peuvent mourir peu de temps après leur plantation, ce qui réduit leur impact réel sur la réduction des émissions. Il peut aussi s’agir de plantations en monoculture, qui sont néfastes pour la biodiversité.

Il y a aussi des préoccupations quant à la qualité des certifications apportées par différentes organisations qui les approuvent. Ces organismes sont eux aussi critiqués, pour leurs méthodes de calculs variées, leurs gouvernance, leurs financements.

 

Des effets économiques et sociaux désastreux

Les compensations carbone ne traitent pas les inégalités économiques et sociales qui sous-tendent les émissions de gaz à effet de serre. Les personnes les plus riches sont généralement celles qui peuvent se permettre de compenser leurs émissions, tandis que les personnes les plus pauvres sont les plus exposées aux impacts négatifs des changements climatiques. On le voit clairement avec les impacts des inondations catastrophiques et meurtrières de 2022 au Pakistan. Ces effets sont bien ceux des changements climatiques. Pourtant, comme l’indique Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, ce pays est responsable d’1% des émissions mondiales de gaz à effets de serre.

Les compensations carbone ne résolvent pas ces inégalités fondamentales et ne garantissent pas une répartition juste des coûts et des avantages liés à la lutte contre les changements climatiques.

 

Une excuse pour en faire moins

Par ailleurs, les compensations carbone peuvent avoir un effet rebond : elles peuvent inciter les entreprises et les individus à continuer à produire des émissions de gaz à effet de serre. En effet, les compensations peuvent donner l’impression qu’on peut compenser ces émissions de manière simple et peu coûteuse. On observe cela par exemple dans le secteur aérien.

Or compenser ne devrait être une option que pour les émissions carbone qui sont absolument impossibles à annuler. En effet, compenser c’est bien ; ne pas rejeter, c’est mieux !

Ce qu’il faut garder en tête : au lieu de chercher à compenser leurs émissions carbone, les entreprises et les individus devraient d’abord chercher à réduire leurs propres émissions de manière significative. Et si ce n’est pas suffisant, une autre partie prenante peut agir : le législateur, qui peut les y inciter, voire les y contraindre !

 

Laure Livartowski

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