La pratique ancestrale de la jachère, longtemps oubliée avec l’avènement des désherbants et des engrais chimiques, refait surface dans les débats actuels. Au cœur de la polémique se trouve l’obligation imposée par la Commission européenne aux exploitations agricoles de laisser 4% de leurs terres arables en jachère pour bénéficier des aides de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). Depuis, Bruxelles a annoncé prolonger la dérogation de cette obligation de mise en jachère.
Parmi les revendications de certains agriculteurs depuis plusieurs jours, on a pu observer la demande de suppression de l’obligation de jachère par la Politique agricole commune (PAC). Mais qu’est-ce que la jachère ? Pourquoi est-ce contraignant pour les agriculteurs ?
La Jachère, une tradition réhabilitée
La jachère, autrefois définie comme les pratiques culturales préparatoires aux semis d’automne, ainsi que les terres et la période qui leur étaient dédiées, prend une nouvelle signification aujourd’hui. Cette pratique, délaissée avec l’avènement des engrais chimiques et des désherbants, a aujourd’hui évolué. La jachère signifie aujourd’hui « la mise en repos des sols d’une partie de l’exploitation, destinée à les régénérer pour faciliter les futures récoltes ».
L’obligation de jachère dans la nouvelle PAC
Dans la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) de 2023-2026, il est inscrit que les exploitations agricoles de plus de 10 hectares sont obligées de mettre 4% de leurs terres arables en jachère pour pouvoir toucher les aides financières. Cette mesure suscite des réactions mitigées au sein du secteur agricole, avec de nombreuses contestations justifiées par l’aspect « contraignant » de cette pratique.
Des avis divergents au sein du monde agricole
Les contestations des agriculteurs face à l’obligation de jachère sont marquées par des divergences d’opinions entre les principaux syndicats agricoles. La FNSEA et la Coordination rurale critiquent vivement cette mesure, la jugeant inappropriée dans le contexte actuel de tensions alimentaires et soulignant l’entretien apparemment régulier de ces terres.
La Confédération paysanne, défendant un modèle agroécologique, souligne l’importance des jachères et dénonce la position du gouvernement français et de l’Union européenne. Pour Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, c’est de la « démagogie totale de faire des normes environnementales le bouc-émissaire du malaise agricole ».
Assouplissement de la part de Bruxelles
Face aux contestations et aux critiques, la Commission européenne a décidé le 31 janvier de prolonger la dérogation sur l’obligation minimale de jachère. Cette dérogation avait été initié en février 2022 en réaction à la Guerre Ukrainienne afin de maintenir l’approvisionnement céréalier de l’Europe.
Cependant, cette récente concession de la Commission Européenne concernant la jachère s’accompagne d’une nouvelle exigence, obligeant les agriculteurs à consacrer au moins 7% de leurs terres à des cultures dérobées ou fixatrices d’azote en 2024.
La controverse autour de l’obligation de jachère souligne les tensions persistantes entre les objectifs agricoles, économiques et écologiques. Alors que certains agriculteurs contestent cette mesure, arguant de son coût et de ses contraintes, d’autres insistent sur son rôle crucial dans la préservation de la biodiversité. Le récent ajustement de la Commission européenne indique une tentative de concilier ces points de vue divergents au sein du secteur agricole européen.
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