C’est d’actualité, on entend parler de la mobilisation des agriculteurs partout dans toute l’Europe ! Leur revenu a toujours baissé au fil des années. Les normes environnementales les engluent de paperasses et d’obligations, rajouté à cela la concurrence déloyale et le sentiment d’être des pollueurs abandonnés. Voici, en détail les 3 raisons principales de la colère des artisans de la terre.

Malgré la mise en place des Etats Généraux de l’alimentation visant à protéger la rémunération des agriculteurs et les Loi EGALIM 1, 2 et 3 (1), ils sont encore nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté. En 30 ans, leurs revenus ont chuté de 40% (2). Les causes sont nombreuses, hausse des coûts du matériel, hausse du prix des matières, prix du lait dérisoire, fin du bouclier tarifaire…

 

Des normes environnementales contraignantes

Le but de ces normes est de résoudre ou d’éviter des problèmes de santé publique et de protection de l’environnement. Il semble qu’elles ont surtout eu pour effet de faire diminuer le nombre de petites et moyennes exploitations. Selon une enquête du groupe de réflexion IREF (3), un agriculteur passerait en moyenne 9 heures par semaine à remplir des formulaires ! Les exemples sont nombreux, on peut citer celui des champs agricoles qui peuvent être couverts par plusieurs zonages différents avec chacun ses normes et obligations (protection des tourbières, Natura 2000, vulnérabilité aux nitrates, captage des eaux, interdiction des cultures…). Ou encore celui des haies, la France s’est fixée pour objectif de planter 50 000 kilomètres de haies d’ici 2030 pour réduire le vent, l’érosion et les excès de pluie. Une initiative louable sauf que ces plantations peuvent être soumises jusqu’à 14 réglementations différentes, du code de l’urbanisme, à celui de l’environnement, en passant par celui de la protection du patrimoine…

Une concurrence déloyale qui fait débat

Selon JC Bureau, professeur d’économie à AgroParisTech, « tous les états membres sont soumis aux normes sanitaires de l’Union européenne », mais « rien n’empêche les États de prendre les devants, et d’interdire certaines molécules qui sont autorisées ailleurs en Europe ». La France, qui a adopté un « plan Ecophyto » pour réduire l’usage des pesticides dès 2009, est régulièrement accusée d’aller trop vite sans attendre les alternatives. La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) dénonce ainsi l’interdiction en France de l’acétamipride (un néonicotinoïde), utilisé pour lutter contre les pucerons dans le reste de l’UE en traitement foliaire. Résultat, la France importe des betteraves produites ailleurs grâce à ce produit, interdit chez elle !

Autre vrai sujet, la différence des salaires. Celle-ci est flagrante dans les filières qui nécessitent beaucoup de main d’œuvre non-qualifiée comme les opérations d’abattages et de découpes d’animaux. Les salaires en Pologne, en Espagne et même en Allemagne sont bien inférieurs à ceux en France ! Aussi, l’ouverture du marché européen à l’Ukraine a eu pour conséquence d’inonder nos étals de poulets à bas prix : leur coût de production est inférieur à 25% par rapport à celui des français (4) !

 

Un sentiment d’abandon au nom de l’écologie

Allemagne, Pays-Bas, Belgique, les revendications diffèrent d’un pays à l’autre. Par exemple, les allemands s’opposent au projet du gouvernement de supprimer un avantage fiscal sur le gazole agricole car ce dernier est « nuisible au climat ». Aux Pays-Bas, les paysans dénoncent la proposition d’un député de réduire la moitié de l’élevage pour réduire l’empreinte carbone. Quant à la Belgique, elle manifeste son mécontentement face à une décision destinée à réduire les émissions d’azote du secteur en fermant les exploitations les plus polluantes…

Prenons le GreenDeal lancé par Ursula Von Der Leyen, sa stratégie de verdissement est de diminuer de 55% le CO2 d’ici 2030. Pour cela,  l’UE conditionne ses aides aux agriculteurs au respect de plusieurs normes environnementales, comme laisser au repos, ou en « jachère », 4 % de ses terres cultivables ! « On ne serait pas payé si on cultive ses terres ? » On « marche sur la tête » (5).

Il va falloir trouver le juste milieu entre le modèle ultra-ouvert qui existe aujourd’hui (poulets brésiliens et ukrainiens, cerises turques…) et le retour à l’agriculture anti-industrielle et repliée, il en va de la souveraineté de l’Europe et du respect de nos terres nourricières.

 

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *