vers une électrification ?
Le récent rapport du GIEC est venu nous rappeler l’urgence climatique, et avant cela, la crise de la Covid-19 a également
renforcé la prise de conscience collective sur la fragilité du système. En conséquence, de nombreux décideurs se creusent les méninges.
Nous approchons de la fin de « l’âge du feu » : le temps où l’énergie carbonée dominait nos vies se termine. L’électricité, qui est l’énergie la plus efficace, puisqu’elle engendre moins de déperditions et peut être contrôlée et stockée, va progressivement prendre une place dominante dans notre vie quotidienne.
Le 9 juin dernier le ministre de l’économie Bruno Le Maire dévoilait son plan de soutien à l’aéronautique française en annonçant
le déblocage d’une enveloppe de 15 milliards d’euros dans le but d’aboutir d’ici 2035 au développement d’un avion de ligne 100% vert.
L’objectif d’un avion neutre en carbone est un projet colossal. Officiellement, les industriels assurent pouvoir relever le défi mais
l’on entend aussi des voix qui ironisent sur le fantasme d’une aviation écologiquement responsable. Pour continuer dans cette lancée cet article vous éclairera un peu plus https://www.aft-dev.com/actualites/innovation-environnement-decarbonation-transport-aerien
Utopie ou réalité ?
En novembre 2017, un rapport de l’ONG européenne Finance and Trade Watch affirmait que quoiqu’il arrive, les avions fonctionnant avec des énergies fossiles seront encore en service en 2060 en raison du temps nécessaire entre la création d’un prototype concluant et une mise en service à grande échelle capable de répondre à la demande. Avec le rapport de Supaero sur la décarbonation de l’aviation, ça ne présage rien de bon
– L’effet rebond a été 2,5x plus fort que les gains technologiques sur les 30 dernières années. Tous les progrès ont été anéantis par l’augmentation des usages.
– En réduisant la vitesse des avions en passant à des turbos-propulseurs (50% moins vite), on diminuerait de 20% la consommation. Mais à seulement 450km/h et en ajoutant les temps d’attente, l’aviation n’a aucun avantage sur les TGV pour les vols européens.
– Les gains technologiques connus sont presque en butée et il n’y a plus d’améliorations importantes à attendre ces prochaines années du progrès technique.
– Une rupture d’architecture et de technologie (hypothétique) est impossible à tenir dans le budget carbone (trop lent d’ici 2050). Le passage aux carburants alternatifs (dont la production ne peut pas être assurée par des EE à échelle suffisante) supprime le CO2 direct, mais pas les autres effets climatiques comptant pour moitié de l’impact climatique tels que la vapeur d’eau.
– La production mondiale d’agrocarburants représente 0,004 % de la consommation de kérozène (hors croissance du nombre de vol prévu selon l’IATA. Mais Bill Gates fait le plein de son jet avec, tout roule).
– Pour voler avec des ruptures technologiques (hydrogène et carburant de synthèse) en 2050, il faudrait consommer 30% de l’électricité mondiale et que celle-ci soit 100% décarbonée afin de faire voler 2-4% des habitants de la planète. Le ratio est réglo.
– Mini bonne nouvelle, il y a des moyens assez simples de limiter l’effet des trainées puisque 2% des vols généreraient 80% des trainées (il manque encore de connaissances mais c’est prometteur). »
Conclusion (idem au rapport du Shift Project): même avec des développements technologiques inouïs, l’aviation ne peut pas tenir son budget carbone sans une réduction massive du nombre de vols.
Synthese_Referentiel_ISAE-SUPAERO.pdf
Yvon Metang
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