La situation de crise énergétique actuelle et la volatilité du coût de l’énergie impactent fortement l’ensemble des entreprises françaises. Elles réfléchissent donc à de nouvelles stratégies pour moins consommer, développer leur autoconsommation et sécuriser leur approvisionnement en électricité.
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Jusqu’à très récemment, les entreprises n’ont que faiblement mis en œuvre le levier de la sobriété. L’énergie était peu chère et relativement abondante. Mais la donne a changé : le temps des énergies faciles et bon marché est désormais derrière nous.
Les entreprises peuvent travailler sur plusieurs leviers : mettre en place des audits d’efficacité énergétique, s’équiper en outil de pilotage des flux énergétiques permettant de garder le chauffage, la climatisation et la ventilation sous contrôle, former leurs personnels aux écogestes afin d’adapter leurs usages numériques pour limiter la consommation, développer le télétravail en concertation avec les partenaires sociaux…
Développer l’autoconsommation
En complément des plans de sobriété, les entreprises recherchent de plus en plus à mettre en place des politiques d’autoconsommation. Renault vient par exemple d’annoncer la signature de contrats sur 15 ans avec trois énergéticiens majeurs (Voltalia, Engie, Dalkia) visant à produire de l’énergie sur plusieurs de ses sites de production en associant photovoltaïque, chaudière biomasse et géothermie. L’objectif de ce contrat est de couvrir à horizon 2027 jusqu’à 50% des besoins en électricité des activités de production automobile de l’usine de Cléon ainsi que ceux du pôle ElectriCity (Douai, Maubeuge et Ruitz)
Et tous les secteurs commencent à emboiter le pas, notamment le secteur industriel. L’autoconsommation pouvant représenter en moyenne 10% de la consommation électrique totale d’une entreprise.
Sécuriser les achats à long terme
Mais l’autoconsommation ne peut suffire à elle seule pour les entreprises les plus consommatrices d’électricité. Certaines entreprises décident donc de conclure de nouveaux contrats d’achat d’électricité à long terme. Très répandus aux Etats Unis mais également en Espagne, Angleterre et dans les pays scandinaves, les contrats d’achat de type PPA (Power Purchase Agreement) commencent à se développer en France. Il s’agit d’un contrat d’achat d’énergie liant un producteur d’énergie électrique décarbonée issue de parc solaire ou éoliens et une entreprise acheteuse d’électricité. Les 2 parties s’engagent pour un prix fixe sur une durée définie, généralement à long terme. (15 ans ou 20 ans par exemple)
Quelques exemples de PPA récents
Plusieurs entreprises d’importance viennent d’annoncer la signature de nouveaux contrats PPA. Ainsi, la SNCF vient de signer un méga contrat sur 25 ans avec Reden Solar portant sur la construction de 4 centrales solaires. Avec ce contrat la SNCF souhaite sécuriser et diversifier son approvisionnement à long terme et augmenter sa part d’électricité d’origine renouvelable. A échéance de 2026, la SNCF souhaite atteindre 40 à 50% d’énergies renouvelables dont 20% issus de contrats PPA. Depuis 2018, la SNCF a déjà conclu 8 contrats dans le cadre de son programme « corporate PPA ».
Si les PPA peuvent représenter une solution d’avenir et participer aux objectifs de décarbonation, cette tendance est néanmoins ralentie par plusieurs facteurs. Le premier sont les temps de développement des parcs objet des PPA : en moyenne 3 à 4 ans pour un parc photovoltaïque et jusqu’à 10 ans pour un parc offshore éolien. Autant dire qu’une bonne anticipation est nécessaire. Le deuxième facteur est lié à l’absence de visibilité actuel dans un contexte de forte inflation des coûts et de volatilité élevée des prix de l’énergie. Dans ce contexte, certaines entreprises temporisent avant de conclure des contrats les engageant sur le long terme.
L’énergie devient un élément stratégique pour les entreprises. Autrefois sous la responsabilité de la Direction des achats, les décisions sont de plus en plus remontées au niveau du Comex au vu de leur impacts sur le maintien de la compétitivité et la pérennité de l’entreprise.
Sources :
L’usine Nouvelle Renault multiplie les partenariats pour décarboner ses usines
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