Le projet de Maurepas Gros-Chêne à Rennes a mis en place une concertation large, systématique et visible ; cela permet d’accompagner les aménagements de la ZAC et l’amélioration du cadre de vie du quartier.

 

Le quartier de Maurepas-Gros Chêne à Rennes est né à l’aube des années 1960. La mécanisation et l’essor de l’industrie manufacturière poussent les ruraux bretons vers les villes. La population préfère à ce moment-là s’éloigner du confort spartiate de logements de centre-ville vieillissants. Elle se tourne vers ce qui représente alors le confort et la modernité : les grands ensembles. Mais 60 ans ont passés. Aujourd’hui ce quartier populaire souffre de sa réputation de quartier sensible. Il est le seul quartier de reconquête républicaine en Bretagne, sur les 54 quartiers français.

En 2014, la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine (loi Lamy) désigne 450 quartiers pour bénéficier du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), dont le quartier de Maurepas-Gros Chêne. Ce programme ambitieux est basé sur 3 piliers : le cadre de vie et le renouvellement urbain ; la cohésion sociale ; le développement économique et l’emploi. C’est en 2017 que le renouvellement urbain du quartier débute, il devrait se terminer en 2026.

 

Des projets co-construits par et pour les habitants

Plusieurs chantiers prioritaires ont été identifiés pour améliorer les services et équipements pour les habitants du quartier.

L’une des actions phares du projet est la création d’un nouvel Espace Social Commun Simone Iff, du nom de la militante féministe et présidente du Mouvement français pour le planning familial. Dans ce nouvel espace, les habitants trouveront un accès facilité à l’aide sociale, de l’aide à l’insertion et à l’emploi, un accompagnement dans les démarches administratives… La concertation a impliqué les futurs usagers du bâtiment ; ils ont aidé à déterminer un équilibre entre tous les espaces du lieu.

Le projet comprend également la rénovation de logements. Des habitants volontaires sont intégrés aux décisions concernant les futurs logements. Pour cela, ils sont formés aux thématiques du renouvellement urbains. Et les choix architecturaux ont été influencés par eux : cuisines fermés pour éviter les odeurs et assurer que le salon puisse servir de chambre d’amis ; baies vitrées n’allant pas jusqu’au sol pour limiter les sensations de vertiges…

Un nouveau groupe scolaire est également en construction. Baptisée Toni Morrison d’après l’écrivaine américaine, la nouvelle école a également bénéficié d’une concertation. Elle sera notamment composée d’un espace périscolaire et d’une salle polyvalente accessible par les parents et les habitants. Les matériaux des bâtiments déconstruits sur l’emplacement de la nouvelle école ont été triés de manière à être réemployés autant que possible. Le bâtiment est éco-conçu à partir de matériaux organiques. L’objectif est d’améliorer le confort des élèves en limitant le recours au béton notamment dans la cour, en privilégiant les espaces arborés. Le toit est également végétalisé et équipé de 90 m² de panneaux solaires pour approvisionner une partie du quartier en électricité.

 

Un lieu d’échange et des interlocuteurs de qualité

La ville a construit une Maison du Projet pour faciliter la concertation. C’est un lieu d’échange animé et accessible à tous. Il permet de discuter avec l’équipe d’architectes et d’urbanistes de la vision sociale et environnementale du quartier ; il permet de présenter les différentes rénovations en cours ; il permet également de répondre aux questions des habitants. Pour aller à la rencontre des habitants, l’équipe a également fabriqué un « vélo du projet » sur mesure. Il permet de soutenir la pédagogie autour du projet et de répondre aux questions, avec l’aide d’un plan du quartier réalisé par un graphiste.

 

Certes, les échanges avec le Conseil Citoyen ou les formations aux enjeux de l’urbanisme sont exigées pour ce type de zones. Et ce partout sur le territoire français. Mais il faut reconnaître que ces actions obligatoires sont particulièrement bien réalisées à Rennes, et qu’elles vont plus loin que l’obligatoire. Elles sont notamment l’œuvre de Stefan Le Brenn, responsable de la Maison du Projet. Il se rend disponible, prend des initiatives et lance des actions auprès des habitants. Il aime partager sur les projet en cours, avec un esprit critique ; il n’en est ainsi que plus crédible aux yeux des habitants.

Et preuve de la qualité de la co-construction à Maurepas : d’autres responsables de Z.A.C. de France visitent régulièrement la Maison du projet pour s’en inspirer. Bravo les bretons !

 

Laure Livartowski

 

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