Dans l’univers de l’agroalimentaire, une révolution silencieuse est en cours. Au cœur de celle-ci, une petite étiquette – l’étiquette environnementale – devient l’objet de débats intenses et de controverses scientifiques.
Quand l’initiative de l’éco-score a été lancée, par la loi Climat Résilience en 2021, l’intention était louable : donner aux consommateurs un outil simple pour choisir des produits plus respectueux de l’environnement. Cependant, ce qui a commencé comme une quête de transparence est rapidement devenu un labyrinthe de complexités et a suscité des défis épineux.
« La discorde de la methode »
Comment mesurer et communiquer l’impact environnemental des produits que nous consommons quotidiennement ? La réponse, souvent donnée par l’Analyse de Cycle de Vie (ACV), est devenue un point de désaccord majeur. Cette méthodologie évalue les impacts écologiques. En théorie, elle offre une vision complète de l’empreinte écologique d’un produit. En pratique, cependant, elle soulève des questions cruciales et des critiques acerbes.
Le cas de l’élevage: Le poulet bio « déclassé »
L’un des principaux problèmes de l’ACV est sa tendance à favoriser l’efficacité de production : plus un produit est obtenu efficacement en termes de ressources utilisées, mieux il est noté. Ainsi un poulet issu d’une exploitation intensive affiche une empreinte carbone inférieure à celle d’un poulet élevé en plein air et donc une note plus faible que son homologue conventionnel.
Une méthode de calcul qui fait fi de l’environnement ?
Selon le Dr. Élise Moreau, chercheuse en développement durable: « Un bon indicateur environnemental doit aller au-delà des chiffres d’efficacité. Il est crucial d’intégrer la biodiversité, le bien-être animal, et la santé des sols pour une véritable évaluation durable.«
Le Planet score: un meilleur outil
Certains dispositifs n’ont pas attendu le score du gouvernement pour œuvrer à une plus grande transparence. Le Planet-score, par exemple, a été développé par des experts du secteur agricole, des ONG et l’UFC-Que Choisir concernant les limites de l’ACV. Ils ont publié un rapport scientifique en été 2021, proposant une nouvelle méthode de calcul qui prend en compte la biodiversité, l’utilisation des pesticides, et les données climatiques les plus récentes du GIEC.
La voie de la cohabitation
Selon Sabine Bonnot, présidente de Planet-score, « l’association de scores spécialisés par secteur avec celui, plus général, proposé par le gouvernement, offrira aux consommateurs une information fiable ». Cette vision est alignée avec les objectifs de la directive Greeen claim 2023 qui vise à combattre le greenwashing.
Nutri-score, Eco-score, Planet-score, Label AB, Marque Repère… ne risque-t-on pas de se retrouver désorientés face à tant d’informations?
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