Depuis deux décennies, l’arrivée de nouvelles entreprises privées, agiles, prônant la prise de risque et une innovation technologique forte bouleverse le secteur spatial. Des usages innovants des satellites se multiplient, certains en faveur de la transition écologique, d’autres plus démesurés, tous ayant un impact environnemental significatif. 

Le New Space, métamorphose de la conquête spatiale 

L’espace est récemment devenu un terrain de jeu plus que jamais accessible grâce à plusieurs changements notables du secteur spatial. En effet, la transition aux Etats-Unis d’une industrie spatiale centralisée autour de la NASA vers un modèle décentralisé et disruptif, à l’image du programme SpaceX débuté en 2002 par le milliardaire Elon Musk a permis de construire de nouveaux satellites efficaces et économes.

La miniaturisation des composants électroniques, l’usage de nouveaux matériaux et les systèmes d’intelligence artificielle embarqués ont d’autant plus accéléré l’essor de nouvelles entreprises privées de l’industrie spatiale aujourd’hui appelé « New Space », dont la croissance a progressé de 9% par rapport à 2021. Les ruptures technologiques caractéristiques de ce secteur permettent de créer de nouveaux usages au service de la transition écologique, telles que la gestion des données du changement climatique,  la prévision ou l’anticipation des risques. 

Le New Space, vecteur de la transition écologique

Si certains usages liées aux évolutions technologiques du New Space peuvent être remis en question au regard de l’urgence climatique, l’essor de jeunes sociétés privées a permis l’accélération de nouvelles solutions participant à la transition écologique et sociale. En effet, les recherches visant à vivre plus longtemps dans les stations spatiales ont accéléré les innovations liées aux recyclage, à la purification de l’eau, à la conservation des aliments ou encore à la gestion des déchets. L’aspect disruptif engendré par le New Space se trouve également dans la création de nouveaux modèles d’analyse des données générées par les satellites déjà en place.

A titre d’exemple, la jeune société française Kayrros créée en 2016 exploite les données du programme européen COPERNICUS pour identifier les fuites de gaz, suivre la déforestion ou encore les puits de carbone naturels. Les solutions portant sur la transition écologique dans l’industrie spatiale sont encore très émergentes avec seulement une vingtaine de sociétés positionnées sur cette niche, qui présente néanmoins un fort potentiel de développement dans les prochaines années. Cette croissnace à venir n’est pas sans conséquence environnementale à plusieurs échelles.

Des impacts environnementaux considérables à terme

L’impact environnemental du secteur spatial le plus connu du grand public est sans nul doute les déchets orbitaux dans l’espace. Les satellites actifs ne représenteraient en effet que 6% de l’ensemble des éléments artificiels gravitant autour de la Terre et répertorié. Le développement accéléré des constellations de milliers de satellites, à l’image du projet Starlink de SpaceX dont le nombre total de satellites estimé atteint 42 000 laisse entrevoir une croissance exponentielle des débris, avec un risque de collision accrue. A ce risque viennent s’ajouter d’autres impacts moins connus comme le rejets de gaz à plusieurs niveaux de l’atmosphère lors des lancements, la dégradation de la faune et la flore localement ou encore la pollution lumineuse.

La compréhension scientifique des implications et de l’ampleur de ces impacts est toujours insuffisante, et la croissance attendue du secteur en fait une question pressante, d’autant plus que la réglementation internationale est pratiquement inexistante sur ce sujet et les politiques locales sont rares. L’élaboration d’indicateurs communs et exploitables de la durabilité du cycle de vie des lanceurs pourrait être bénéfique pour l’industrie spatiale.

Un imaginaire contraire au changements des modes de vie

Se pose finalement la question de l’utilité de certains usages développés par les acteurs du New Space face à l’urgence de repenser les modèles économiques pour une planète plus durable. Est-il souhaitable d’offrir des voyages touristiques dans l’espace, accessibles seulement aux plus riches ? N’est-ce pas une forme de fuite en avant pour échapper à l’ampleur du changement climatique et de ses conséquences à grande échelle dans les prochaines années ? Certaines entreprises du secteur du New Space devront surement repenser leur modèle économique pour répondre aux enjeux de transition écologique et sociale, au risque de se retrouver en difficulté de recrutement face à une jeune génération de plus en plus consciente de ces défis.

 

 

 

 

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