L’Arctique est en danger : les bouleversements climatiques ne l’ont pas épargné. Ce n’est pas le seul problème auquel se confronte cette région du pôle Nord. En effet, les ressources en hydrocarbures font saliver les géants de l’industrie du pétrole, mais pourrait aussi jouer un rôle clé pour le futur de la transition énergétique à venir.

Une zone géographique aux ressources pléthoriques

Jusqu’au XIXème siècle, l’exploitation de cette zone était perçue comme impossible. Les conditions météorologiques extrêmes empêchaient toute tentative. Toutefois, la fonte des glaces et le réchauffement climatique ont changé la donne : s’y aventurer n’est désormais plus exclu. Et le jeu en vaut la chandelle.

Une étude de 2008, revue depuis à la hausse avec la révolution du gaz de schiste, estimerait que les ressources en pétrole présentes seraient équivalentes à 13% des réserves de la planète. Pour le gaz naturel, plus de 25% des ressources mondiales. De quoi attiser les tensions entre pays membres du Conseil de l’Arctique, dont les États-Unis et la Russie, et intensifier la course aux énergies fossiles. Des projets pharaoniques sont en cours d’étude de part et d’autre. Ainsi, Shell, Gazprom, Novatek ou encore Eni ont émis l’idée d’installer des plateformes pétrolières offshore.

La Russie quant à elle, estime que cette région lui appartient. Elle est prête à la protéger en réalisant des exercices militaires d’ampleur, notamment en 2022. Son projet Arctic LNG2 devrait être lancé cette année, afin de produire du Gaz Naturel Liquéfié, à hauteur de 20 millions de tonnes par an en 2026.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Russie va s’assurer des revenus conséquents avec la revente de ces ressources.

Au-delà des matières fossiles, l’Arctique pourrait être utile à de nombreuses facettes de la transition énergétique à venir.

Un choix cornélien : exploiter l’Arctique pour subvenir à la transition énergétique ?

Pour commencer, il faut souligner qu’une exploitation intensive des ressources de l’Arctique serait dangereuse. Toutefois, chaque état est souverain et rien ne peut l’empêcher de forer des puits sur son territoire. Même le Conseil de l’Arctique n’est pas habilité à se prononcer sur les différends concernant les ressources. Sa compétence s’arrête à l’élaboration de traités environnementaux et à la défense des populations locales.

L’Arctique pourrait devenir, dans un futur proche, une étape indispensable à notre transition énergétique. Penchons-nous sur deux exemples bien précis.

Le cas de l’hydrogène vert.

Il s’agit de séparer deux molécules d’eau grâce à un courant électrique pour obtenir de l’hydrogène. Pour le qualifier de vert, il faut que l’électricité utilisée soit issue d’une source renouvelable. En Arctique, il existe un fort potentiel hydroélectrique ou bien géothermique qui pourrait à l’avenir être intéressant. La recherche s’y intéresse comme le prouve ce rapport de l’Institut Français des Relations Internationales ici. Cette région, où les étés peuvent fournir jusqu’à 24h d’ensoleillement serait idéale pour produire une énergie décarbonnée. Mais il faut encore une fois rappeler que les conditions climatiques extrêmes seraient un défi technologique majeur. De plus, cela pourrait amener à perturber fortement l’écosystème local.

Le cas des terres rares.

Ce sont des métaux et composés métalliques essentiels à la réalisation de nombreuses applications industrielles. Les éoliennes, les panneaux photovoltaïques ou les voitures électriques en sont des exemples. La demande mondiale étant en forte hausse, l’Arctique va devenir un nouvel Eldorado des métaux rares. On y estime la présence de 12 à 25% des réserves des terres rares planétaires. Cela revêt donc un intérêt stratégique industriel et économique monumental.

 

Il existe alors un dilemme cornélien : exploiter l’une des régions du monde la plus impactée par le changement climatique ou bien la protéger en interdisant toute exploitation industrielle. Il s’agira pour les acteurs étatiques de trancher, il en va de la survie de l’Arctique.

 

Pensez-vous qu’exploiter cette région pour développer notre potentiel d’énergie renouvelable est souhaitable ?

 

Jean-Philippe Aubin

MS Acteur Pour la Transition Energétique

 

Sources

L’appel des pôles, une action éducative consacrée aux nouveaux enjeux dans le monde polaire

Des projets énergétiques pour l’Arctique

Les richesses minérales de l’Arctique aiguisent les convoitises

L’exploitation à l’épreuve du développement durable : des opportunités à risque

Les terres rares en Arctique, un réel enjeu stratégique ?

 

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