La Grande Muraille Verte (GMV) est un projet panafricain regroupant 11 pays. Son objectif est de revégétaliser la frontière entre le Sahel et le Sahara. Cette muraille s’établit sur une bande de 15km de large et 7600km de long de Dakar à Djibouti. La multitude de ressources humaines qu’elle agrège en fait un objet de recherche unique au monde.
11 pays contre l’avancée du Sahara
Démarré en 2007, ce projet réunit Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad. Tous ces pays ont en commun d’avoir sur leur territoire la frontière entre le Sahara et le Sahel. Selon selon l’étude [1] de Natalie Thomas et Sumant Nigam, la superficie du Sahara a augmenté de 10% au cours du 20ème siècle. Cette expansion impacte durement les populations vivant à sa frontière. Notamment, en réduisant la disponibilité en eau avec des conséquences sur les ressources alimentaires, végétales et animales.
Bien que le projet soit, en premier lieu, tourné autour du végétal, les ambitions sont bien plus larges. La GMV améliore notamment la santé des habitants, l’économie locale mais aussi la biodiversité. L’agriculture durable qui y est mise en place non seulement régénère les terres dégradées avec un impact positif sur le cycle de l’eau mais permet aussi de lutter contre la malnutrition ou de tirer de revenus des cultures. Par exemple, la gomme arabique [3], issue des tiges et des branches de l’Acacia, est utilisée localement comme cicatrisant et les industries agroalimentaires, cosmétiques ou pharmaceutiques exploitent aussi ses vertus.
Le cas du Sénégal : un lieu d’expérimentation et de succès
Malgré l’union internationale autour du projet, la progression varie d’un pays à l’autre en raison de l’instabilité de plusieurs régions. Dans ce contexte, le Sénégal fait figure de pilote avec notamment plus de 50 000ha de surface reboisé. Ce qui représente plus de deux fois la forêt de Fontainebleau.
Là-bas, l’équipe interdisciplinaire de l’Observatoire Homme-Milieu internationale (OHMi), créé par le CNRS, collabore avec les entités locales (autorités, universitaires et populations). Il accompagne et mesure l’impact de ce projet dans toutes ses dimensions dont l’écologie, de la biologie végétale, et animale, de l’anthropologie biologique et sociale, de la médecine, de la pharmacie, de l’ethnobotanique, de l’écologie microbienne, de la sociologie, de la géographie, de la toxicologie, de l’hydrologie, de la génétique, de la chimie, de l’épidémiologie, … [4]
Ces études, expérimentations, échecs et réussites permettront, le moment venu, d’être plus efficace sur les territoires où le projet avance difficilement. Le film La science et la grande muraille verte, publié par le CNRS, présente toutes les facettes de la recherche qui est faite au Sénégal et surtout l’impact positif que ce projet a sur la population avec, par exemple, un suivi médical régulier et une attention particulière sur la santé bucco-dentaire.
Dans un autre registre, Inna Modja , chanteuse, mannequin et actrice malienne, raconte l’histoire de ce projet au cours d’un roadtrip dans toute l’Afrique dans un documentaire musicale The Great Green Wall écrit, réalisé et produit par Jared P. Scott. Ces deux films seront assurément d’excellents choix pour des soirées « ciné-débat ».
Sources
[2] CNRS – OHMi Téssékéré. Synthèse des résultats de la GMVTéssékéré au Sénégal – CNRS, 2022
[4] Cahiers de l’observatoire Hommes-Milieux international Téssékéré – (Novembre 2022)
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