Le numérique représente aujourd’hui 4 % des émissions de GES globales, soit davantage que l’aviation. De plus, cette part est croissante et pourrait atteindre 8 % d’ici à 2025 (The Shift Project « L’insoutenable usage du streaming », 2019). Si internet et le numérique apparaissent omniprésent dans nos vies d’occidentaux, 37 % de la population mondiale n’y a pas encore accès (Union internationale des télécommunications, 2022).
La sobriété numérique : une nécessité
Le numérique est indéniablement vecteur de progrès social et est vertueux sur bien des aspects. Cependant, l’utilisation de ces outils s’inscrit aujourd’hui, pour les populations les plus aisées, dans le prisme de la surconsommation. Les impacts négatifs sur le climat et la biodiversité prennent de plus en plus le pas sur les retombées positives sur la société.
L’enjeu de la sobriété numérique est donc de pouvoir réduire son empreinte écologique afin de s’aligner sur les objectifs climatiques, tout en promouvant l’inclusion numérique, indispensable pour le développement de tout un pan de la population mondiale. Dans ce contexte, il est indispensable de requestionner nos usages du numérique et de les prioriser. C’est là qu’entre en jeu la question des vidéos streaming. Pourquoi ?
Le streaming pèse lourd dans le numérique
Le visionnage de vidéos en ligne pèse très lourd dans l’empreinte carbone globale du numérique. D’après un rapport du Shift Project, le streaming représente 60 % du trafic de données dans le monde, et a ainsi généré plus de 300 MtCO2e en 2018. Cela est comparable aux émissions annuelles d’un pays comme l’Espagne.
Des usages centrés sur le divertissement
Ce graphique tiré de la même étude du Shift Project montre que 80 % de la bande passante est utilisée pour la vidéo. Il est donc crucial de limiter l’utilisation du streaming pour atteindre la sobriété numérique.
La VoD, la pornographie et les Tubes représentent 82 % des flux de données liés à la vidéo en ligne. Les plateformes dominantes comme Netflix, YouTube et Pornhub sont donc responsables d’une très grande partie des émissions de CO2 liées au numérique, avant même de prendre en compte les impacts environnementaux liés à la production de ces contenus.
Pour protéger le climat et la planète, il est nécessaire de réduire la consommation d’énergie et de matières premières. Nous devons faire des choix sociaux forts pour privilégier les usages vertueux d’Internet. Ne pas faire ce choix, c’est potentiellement laisser la surconsommation de séries TV et de pornographie limiter mécaniquement le débit disponible pour des usages plus vertueux comme la médecine ou l’éducation. En outre, ce phénomène creuse encore les inégalités entre les pays, les pays développés utilisant internet comme le moyen de poursuivre la “course au divertissement”, alors que les régions les plus pauvres du monde n’y ont toujours pas accès.
L’illusion de la dématérialisation
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les technologies numériques ne sont pas exemptes de conséquences matérielles et environnementales. Le streaming et le numérique en général consomment beaucoup d’énergie, de ressources et d’espace, car ils ne peuvent exister sans l’exploitation des terres et des ressources naturelles. En fin de compte, ce qui était considéré comme « immatériel » devient plus nocif pour l’environnement que le matériel. La production des appareils numériques (ordinateurs, smartphone, TV, etc.) est responsable de 45 % de la consommation énergétique du secteur.
7 écogestes à mettre en place pour réduire l’impact du streaming
1) Repenser l’utilisation de nos appareils
C’est la mesure phare pour réduire l’impact du numérique. Comme on l’a vu plus haut, une grande partie des impacts sont liés à la fabrication des appareils plus qu’à leur utilisation. Ainsi, le geste le plus efficace de sobriété numérique est de repenser l’ensemble du cycle de vie de nos appareils électroniques. Acheter d’occasion ou reconditionné et favoriser la réparation et le recyclage sont des manières de réduire cet impact.
2) Préférer le téléchargement au streaming
Cette action permet d’éviter le transport de données continu, qui est très énergivore. Une fois téléchargé, le fichier n’est plus en perpétuel mouvement.
3) Privilégier le wifi à la 4G
Les infrastructures du réseau 4G (ou 5G…) consomment davantage d’électricité. Se connecter au réseau wifi permet donc d’économiser de l’énergie.
4) Baisser la résolution de l’écran
La résolution 4K ou HD est beaucoup plus consommatrices de données bien évidemment. Regardez une recette de cuisine ou un épisode de Plus Belle la Vie en 4K, est-ce vraiment indispensable ?
5) Privilégier les contenus audio
Au-delà de baisser la résolution, se contenter d’un audio permet de réduire grandement l’énergie liée au streaming. On évite d’écouter de la musique avec les clips vidéos et on privilégie les podcasts quand c’est possible. Vous pouvez aussi télécharger cette extension chrome pour garder uniquement l’audio sur vos vidéos YouTube.
6) Désactiver la lecture automatique
La lecture automatique a tendance à inciter à regarder toujours plus de contenu, que ce soit sur Netflix ou YouTube. Si vous vous êtes déjà endormi devant une série et réveillé une saison plus tard, des émissions de CO2 inutiles auraient pu être évitées.
7) Mutualiser le visionnage de vidéos streaming
Enfin, pour les familles nombreuses, la mutualisation du visionnage est un bon levier pour réduire l’impact liés à la consommation énergétique du streaming. Alors on évite d’être chacun sur son écran et on privilégie les soirées films en famille !
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!