Le petit cycle de l’eau, celui qui génère l’eau potable fait face à des difficultés de sécurité et d’approvisionnement, liées à la fluctuation de la disponibilité de la ressource. La réutilisation des eaux usées permet de faire face à ces difficultés. 

 

Décembre 22: l’été perdure

Le 6 Janvier dernier, à bord du Navibus qui traverse la Loire à Nantes, une photo m’interpelle. A quelques dizaines de kilomètres de Nantes, un bras de Loire à sec en décembre dernier. Cette image illustre un article du Monde. Les pluies restent insuffisantes pour effacer les effets de la sècheresse de 2022. Les cours d’eau sont bas, les recharges des nappes phréatiques prennent du retard et les sols sont secs.

Plusieurs phénomènes se conjuguent : L’été 2022 et ses épisodes de chaleur, le manque de pluviométrie sur l’année, mais aussi les températures automnales très douces qui retardent le repos végétatif. De ce fait, la végétation consomme les pluies qui habituellement rechargent les nappes à cette saison.

L’eau courante fera-t-elle long feu ?

Cette information vient en percuter une autre, encore fraîche. L’été dernier, la ville de Nantes et les 24 communes de sa Métropole ont frôlé la coupure d’eau généralisée : plus d’eau au robinet de plus de 500.000 personnes !

Le bouchon vaseux présent dans la Loire entre la ville et l’estuaire remontait dangereusement vers le point de captage d’eau potable en amont de Nantes. Ceci sous l’effet cumulé du peu de débit du fleuve et des grandes marées. Le salut n’est venu que ……. des pluies de l’année précédentes ! Celles-ci ayant poussé le bouchon un peu plus loin qu’à l’habitude. Ainsi, de justesse donc, le bouchon n’a pas obturé le précieux captage.

Dans ces conditions, qu’en sera-t-il aux grandes marées de septembre 2023 et des années suivantes ?

« cycle circulaire » n’est plus un pléonasme

Est-il possible de se poser sérieusement la question de fermer ce que l’on nomme « le petit cycle ». Ce dernier n’a de cycle que le nom, la linéarité le caractérise davantage. L’eau captée en surface ou dans les nappes est traitée puis acheminée par le réseau aux différents points de distribution dont nos habitations.

schéma générique d'approvisionnement en eau potable

 

Plus de 80% de l’eau potable utilisée est rejetée dans l’environnement après un traitement partiel (ce qu’on appelle les eaux usées). Chacun peut en faire l’expérience à son domicile: in fine il y a peu de consommation  par rapport au volume utilisé.

Les arguments en faveur de la fermeture

Deux arguments essentiels plaident en la faveur d’un vrai cycle de l’eau domestique :

D’une part, la sécurisation de l’eau potable pour la population dans un cas comme celui de Nantes Métropole. Puis, t la moindre pression sur les ressources naturelles et notamment les nappes (65% de l’eau potable sont prélevés dans les nappes) mais également les eaux de surfaces dont dépend la biodiversité.

A ces arguments, on objectera probablement que l’on ne peut pas reboire de l’eau utilisée. A coup sûr, les questions sanitaires et culturels seront avancées: soit !

Des éléments de réflexion:

Comment boivent les astronautes de l’ISS ? Je suis persuadé que les technologies existent pour un retraitement sans conséquences pour la santé. La question porte sur les moyens financiers que l’on est prêt à mobiliser

Par ailleurs, si la qualité de l’eau rejetée n’est pas bonne à notre consommation, pourquoi le serait-elle pour un environnement dont nous sommes largement tributaires et dans lequel l’écotoxicité n’est plus à démontrer

Concernant l’argument culturel, l’exemple du port du masque anti-covid apporte un éclairage fort. A en croire certains seuls les habitants des pays asiatiques acceptaient de le porter, on connait la suite. Nous savons nous adapter face à des enjeux majeurs.

Plus spécifiquement, il me semble que si l’eau usée nous revient en eau potable, nous serons collectivement plus responsables, notamment en ce qui concerne l’usage des produits polluants domestiques.

 

Prêts à fermer le cycle ?

La consommation en eau d’un français est de 150 litres par jour. Cette moyenne évolue peu depuis les 15 dernières années.

80% de cette consommation est rejetée dans l’environnement après traitement partiel.

Face aux problèmes de sécurité d’approvisionnement, d’empreinte sur la ressource et d’écotoxicité il est temps de repenser notre traitement de l’eau potable : seriez-vous prêts à consommer vos eaux usées après un traitement sérieux ?

 

 

Sources

Le Monde  https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/06/les-pluies-restent-insuffisantes-pour-effacer-les-effets-de-la-secheresse-de-2022-sur-la-ressource-en-eau_6156808_3244.html

Eau France https://www.eaufrance.fr/

Banque nationale pour le prélèvement de l’eau BNPE https://bnpe.eaufrance.fr/acces-donnees/france/annee/2020/usage/AEP

Ministère pour la transition écologique, données et études statistiques https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2021

 

 

 

 

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