En 2016, le cabinet Obras en charge de la conception de l’aménagement du quartier Pirmil-les-Isles propose à l’aménageur un projet novateur pour l’époque : réaliser un quartier bas-carbone. Cette idée rencontre un fort enthousiasme au sein de Nantes Métropole (NM) et Nantes Métropole Aménagement (NMA). Pour la réaliser, ils mettent en place une méthode novatrice dans le domaine de l’aménagement urbain.

Maîtrise d’œuvre élargie

 

Novateur signifie également sans expérience. Le donneur d’ordre et l’aménageur en sont conscients et souhaitent étoffer la maitrise d’œuvre pour y faire face. Ainsi, ce n’est pas un mais deux cabinets qui se partagent la conception générale urbanistique : « Obras », avec une vision architecturale, et « D’ici là », cabinet de paysagistes très présent et investi.

De la même manière, sont intégrées à l’équipe de maitrise d’œuvre des nouvelles compétences à l’époque : un expert en renaturation (Biotech) et une ingénierie de transition environnementale de l’urbanisme bas-carbone et circulaire (Zefco).

Les ambitions affichées sont déclinées en capacités opérationnelles pour la définition de l’opération.

 

Face aux limites : la coconstruction

Le projet bas-carbone nécessite la participation d’acteurs habituellement peu présents dans l’aménagement urbain : constructeur en paille, terre…. Avec ces nouveaux acteurs, de nouvelles limites, de nouvelles habitudes de collaboration apparaissent. Afin d’y répondre, NM et NMA souhaitent « associer, dès l’origine, l’ensemble des acteurs du projet ».

Ils mettent en place un processus itératif et défragmentent la gestion linéaire qui prévaut en général. Ils créent une manière collective d’élaborer le projet, sortent de la logique de filières pour coconstruire. Des ateliers réguliers rassemblent tous les acteurs. Ils permettent la connaissance des manières de fonctionner et des limites de chacun. Le projet se définit ainsi, en marchant !

 

 Du projet… et des filières

Ce fonctionnement répond également à une autre ambition : participer, grâce à ce projet, à développer les filières en transition nécessaires à la construction bas-carbone. L’objectif est d’utiliser l’expérience pour identifier et faire évoluer les seuils règlementaires, les habitudes. Ceci afin de dupliquer ce type de projet et d’en accélérer la réalisation au niveau national. La méthode, ses réussites et points d’amélioration sont pour cela répertoriés pour être partagées.

Accepter le changement

Ce processus itératif comporte un enjeu important : l’acceptation du changement des manières de travailler. Par exemple, le besoin de stabilité décisionnelle, caractéristique des collectivités territoriales, est relégué. Les changements s’effectuent au regard des difficultés naissantes qu’implique la méthode : ce qui a été validé en amont peut être changé si le processus le nécessite ! De la même manière, les promoteurs doivent comprendre les difficultés et suivre les rythmes des SCOP avec lesquelles ils travaillent désormais.

 

Les facteurs clefs : de succès et de limites

En étoffant la maîtrise d’œuvre, en développant une méthode ad hoc et un process itératif, ils assument des changements assez « radicaux » pour un milieu marqué en général par une forte inertie.

L’alignement intellectuel des personnes au sein des institutions clefs (donneur/aménageur/maîtrise d’œuvre), la marge de manœuvre que chacun a réussi à conserver/négocier au sein de son entité et la nécessaire prise de risque individuelle ont été des forces décisives. Non reproductibles, elles sont également les limites à la diffusion abondante du projet et de sa méthode.

Espérons que le succès sera manifeste et reconnu. Il permettra ainsi la reproduction de ce type de projet, de méthodes et mettra en lumière l’audace dont nous allons avoir besoin pour faire face aux enjeux climatiques et environnementaux.

 

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