Les périodes de sécheresse, anormalement longues, que la France a connu cet été 2022 ont enfin fait comprendre que le combat environnemental ne doit pas juste se concentrer sur les émissions de GES. Mais également sur l’utilisation de l’eau. L’implantation de mégabassines de retenue d’eau, à destination de l’agriculture, pose problème.
L’été 2022, exceptionnel
L’été 2022 a battu tous les extrêmes climatiques connus en France. Entre vagues de chaleur successives, sécheresses et phénomènes climatiques extrêmes, l’été 2022 est le deuxième plus chaud en métropole après celui de 2003. Et ces étés exceptionnels pourraient devenir la norme dans la prochaine décennie. Voir être dépassé en intensités et fréquences. Ces records, provoqués par le réchauffement climatique dû aux activités humaines, intensifient les tensions sur l’eau. Le manque de précipitation assèche les sols, les cours d’eau et nappes phréatiques sont à des niveaux anormalement bas. Au 1er janvier 2023, le service géologique national estime que le niveau des nappes en France est encore très préoccupant, plus des trois quarts de celles-ci demeurant sous les normales mensuelles.
Comment l’agriculture intensive utilise l’eau
L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau prélevée en France, avec 45% du total. De plus cette consommation est plus importante en été, pendant laquelle 60% des prélèvements d’eau ont lieu. La consommation agricole utilise à la fois des ressources de surface (rivière, lacs, canaux, retenues) et souterraines. Pour satisfaire ses besoins en eau, celle-ci met en place des réservoirs de stockage. L’eau est prélevée en hiver dans les nappes phréatiques, pour ensuite être utilisée en été. Environ 600 000 de ces plans d’eau constellent la métropole. Mais pour s’adapter aux changements climatiques, des centaines de nouvelles grandes retenues ont été construites ou sont en construction.
Quels sont les problèmes des mégabassines
La mise en place de ces retenues est un problème environnemental et social. Elles posent problème, car elles prélèvent l’eau en hiver sur des nappes déjà fragilisées. Les nappes phréatiques ne profitent pas qu’à l’homme et, hiver comme été, la faune et la flore ont besoin de cette eau souterraine. Elles accaparent une ressource précieuse à la seule fin d’une industrie agricole intensive, au modèle économique dépassé et très gourmand en ressources. De plus, leur efficacité est contestée, la perte en eau due aux évaporations étant estimée entre 20% et 60% du volume d’eaux stockées.
Quelles solutions ?
Effectivement, sans solutions d’irrigations efficaces et face aux sécheresses fréquentes, le modèle agricole actuel est fragilisé. Mais ces stockages massifs sont surtout en place pour produire des céréales destinées aux animaux d’élevage, plus de 71% des terres agricoles européennes servant à alimenter le bétail. C’est donc une remise en question des pratiques agricoles actuelles qui est nécessaire. Rappelons que la plus grande exploitation de France cultive 57000 ha de terres, soit cinq fois Paris intra-muros.
Il faudra donc remettre en cause notre consommation excessive de viande. Renoncer à certaines céréales comme le maïs et les remplacer par des plantes plus frugales en eau comme le sorgho. Passer d’une agriculture industrielle à une agriculture écologique, raisonnée et locale. Sans cela, nous continuerons à accaparer et détruire une ressource de plus en plus fragilisée.
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