La révolution agricole
L’histoire décrit une transformation mondiale où l’augmentation de la population a traditionnellement mené à une expansion des terres agricoles pour répondre aux besoins alimentaires. Cependant, les années 60 ont marqué un tournant avec une croissance de la production alimentaire sans une augmentation proportionnelle des terres cultivées, grâce à la révolution agricole et à l’un de ses composants clés : les engrais chimiques. Ces derniers ont permis d’augmenter considérablement les rendements, mais aujourd’hui, ils posent des problèmes environnementaux et sanitaires graves.
Le cycle de l’azote
La croissance des plantes dépend de l’oxygène, du CO2, de la lumière, de l’eau et des nutriments, notamment de l’azote, tiré de la matière organique décomposée par les insectes et les bactéries en ammoniaque, puis en nitrates, que les plantes absorbent. Bien que l’azote gazeux représente environ 80 % de l’atmosphère, il n’est assimilable par les plantes que sous forme de nitrates, à l’exception des légumineuses qui, grâce aux bactéries dans leurs racines, peuvent fixer l’azote atmosphérique. Dans la nature, le cycle de l’azote est fermé : les plantes se nourrissent, poussent, meurent et sont décomposées par les bactéries. Cependant, l’agriculture a ouvert ce cycle, nécessitant une intervention pour maintenir la richesse en azote des sols, traditionnellement assurée par la présence d’élevage et l’utilisation des légumineuses et des excréments animaux comme engrais.
Et l’agrochimie sauva le monde
Le processus Haber-Bosch, inventé au début du XXe siècle, a transformé cette dynamique en captant l’azote atmosphérique pour produire de l’ammoniac, précurseur des engrais de synthèse. Ces engrais bon marché et efficaces ont considérablement augmenté les rendements, mais leur utilisation massive en France et ailleurs a conduit à de sérieux problèmes environnementaux : une grande partie de l’azote appliqué n’est pas absorbée par les plantes et contamine l’eau potable, entraîne une prolifération d' »algues vertes » nuisibles et contribue à la formation de particules fines nocives, sans compter l’empreinte carbone élevée de leur production.
Des solutions à l’étude pour se passer de l’engrais de synthèse
Gilles Millen propose quatre changements majeurs : la rotation des cultures et le couvert végétal permanent, la réintégration de l’élevage dans les cultures pour utiliser les engrais naturels, le recyclage du fumier et des déchets humains, et une réduction de la consommation de protéines animales (Billen et al., 2021). Cela pourrait réduire de moitié l’excès d’azote en Europe, même avec une population en hausse de 10 % d’ici 2050, sans augmenter la surface agricole ni dépendre des importations.
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Source : Billen et al. 2021, Reshaping the European agro-food system and closing its nitrogen cycle: The potential of combining dietary change, agroecology, and circularity
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