Human Nature: Thinking about culture, values and the environment ...

 

« Quand le monde va de soi, il va pour soi » est un adage qui sous-entend que lorsqu’on trouve sa place dans un système où l’on a une position dominante, il n’y a pas d’intérêt à penser une alternative. Cela sous-entend que si l’on est né du bon côté du système, nous sommes conditionnés à cultiver la trajectoire historique qui nous a été instruite sans nous laisser en imaginer une différente. C’est ce que l’humanité, sous l’influence occidentale, développe depuis le 17ème siècle.

Le 17ème siècle : l’âge d’or de la nature.. ou plutôt le début de son déclin

Quand tout semble partir de l’évolution de notre lexique …

L’opposition de nature et culture est survenue tôt, dès le 17ème siècle. Si le mot “nature” issu du verbe latin nascor, naître, portait l’idée d’un développement propre pour le principe qu’un être est tel qu’il est par lui-même, celui-ci s’est vu muter. Par le siècle des lumières et de la sociologie, le lexique européen s’est développé en accompagnant l’Europe qui, tout en s’émancipant du régime précédant, donnait naissance à l’ère industrielle.

Ainsi, une distinction ente l’humain et le non-humain surgit en étant portée par le courant du naturalisme. Naturalisme qui sera le terreau d’un monde ou la spoliation et l’exploitation du prolétariat prédomineront. Cette ère souligne le contraste glaçant du dominant qui œuvre pour la civilisation et du sauvage qui persiste à résider dans un monde où l’on opère aucune distinction entre les êtres vivants. Cherchant ainsi à imposer une hiérarchie entre l’être l’humain et le non-humain, imposant que la nature soit définie comme l’absence d’humain ; et l’humain par le rejet de ce qu’il y a de naturel en lui.

 

… et que tout s’aggrave par notre nature expansionniste

Dès lors, lorsque la relation entre humain et non humain est faite, le choix de relation qui s’offre aux humains vis-à-vis du vivant est binaire : exploitation ou protection. La dualité de ces relations n’est en réalité qu’en apparence, car l’on vient dans les deux cas doter le non-humain d’une fonction qu’il a à remplir : apporter des ressources, nous soigner, le contempler etc.

Le problème est l’effet cliquet à passer de protection à exploitation qui ne se fait pas avec la même désinvolture. Mais d’une certaine manière comment la blâmer ? Sans avoir été socialisé par un collectif animiste depuis son enfance, il n’est pas aussi riche et exaltant de se promener et protéger la forêt. Certains philosophes tels que Léna Balaud et Antoine Chopot décrivent le naturalisme tel “une atrophie générale de la socialité, un rétrécissement des sphères ou opère un devoir de réciprocité”. La dualité résidant entre protection et exploitation se réduit à une analyse coût/bénéfices.

En perdant ce principe comme quoi, le non-humain est un partenaire avec lequel cohabiter dans un même environnement, la pensée occidentale l’a objectivé en tant que ressource. Le naturalisme surgissant dans une ère colonialiste, il a nourri les principes mercantilistes d’une économie capitaliste. De fait, absolument tout est devenu une ressource qu’elle soit vivante ou non, de la même espèce que l’homme ou pas.

Comment une économie dépassée par le naturalisme peut-elle se recentrer ?

Depuis les premiers rapports environnementaux, une pensée est née, la pensée écologique. Initialement reléguée au statut de pensée révolutionnaire, anti-sociétale, radicale ou encore extrémiste, celle-ci prend forme et se renforce dans un univers commun soucieux du vivant.

Par cette pensée écologique et antinaturaliste, l’intérêt est de déconstruire les verrous mentaux pour atteindre ceux institutionnels. En raison de la crise environnementale, il est nécessaire de briser les chaînes d’une soumission aux impératifs de rentabilité que l’ère capitaliste a créée. La valorisation de la biosphère doit se faire par le biais d’un partenariat en représentant chaque humain et non-humain tels qu’ils sont et non plus comme des objets.

Un tel travail de déconstruction relève de changements institutionnels modifiant les dynamiques économiques actuelles ou la monnaie prime et empêche de respecter les non-humains, jusqu’alors interchangeables.

 

Comment faire ?

La Zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, offre un bon exemple de ce qui pourrait être initié. Reprenons, le slogan de certains activistes sur place “Nous ne défendons par la nature / Nous sommes la nature qui se défend”. Par ces termes, la relation humain et non-humain s’interprète comme un tout qui s’unit par un respect mutuel entre chacun.

Depuis 2010, Notre-Dame-des-Landes a beaucoup évolué au point d’être valorisé par un projet d’agriculture régénératrice géré par les activistes qui l’ont défendu. Quels sont les principes qui leur ont permis d’arriver à ce stade :

  • Subjectiver les non-humains avec des perspectives communalistes ou l’on analyse nos besoins par des structures locales dirigées par des humains qui interagissent directement avec des non-humains.
  • Imposer la cohabitation d’une structure étatique avec un territoire autonome au point de faire du territoire en question une personnalité juridique devant être respectée.En 2017, la Nouvelle-Zélande dote le fleuve Whanganui d’une entité vivante avec une personnalité juridique. Cela lui donne le doit de ne pas être pollué, pas dégradé, de ne pas être vidé et de se repeupler. Le peuple maori vivant le long du Whanganui peut prélever des arbres, pêcher ou encore chasser, mais il doit respecter les règles assurant de préserver durablement sa personne.Ce n’est pas une première pour le pays, en 2014, le parc national Te Urewera avait obtenu un statut similaire.

Ainsi, la préservation des non-humains et la cohabitation avec eux ne relèvent pas de l’ésotérisme réservé aux riches. Tous, nous avons la tâche de redévelopper un lien avec les non-humains. Il ne s’agit pas de perdre en liberté, mais d’accepter de respecter celle de l’autre.

 

Source :

  • Philippe Descola et Alessandro Pignocchi « Ethnographie des mondes à venir », Paris : Edition Seuil, 2022
  • https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/entreprendre/statut/cette-riviere-de-nouvelle-zelande-est-maintenant-legalement-une-personne_2357771.html

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