La culture du chanvre est en pleine croissance dans de nombreux pays, et particulièrement en France. Les produits dérivés de cette plante herbacée se retrouvent dans l’habillement, l’automobile, le bâtiment et même dans l’alimentation. Cette culture revient sur le devant de la scène tel un phœnix.

De quel chanvre parlons-nous ?

Il en existe plusieurs variétés, la plus populaire est le Cannabis sativa indica utilisé, de façon illicite, pour ses effets psychotropes. Ces effets sont connus, a priori, depuis plus de 5 000 ans[1] et nous savons, aujourd’hui, que la molécule Δ-9-tétrahydrocannabinol (THC) en est la cause. Celui auquel nous nous intéressons est le Cannabis sativa sativa dont le taux de THC respecte les normes européennes (inférieur à 0.2%).

Avec près de 40% des surfaces cultivées de l’Union Européenne[2], la France est le leader européen, et de loin. De plus, la dynamique de croissance est forte, la surface ayant triplé en 10 ans [2]. Cependant, avec 20 000 ha, cela reste modeste par rapport à la culture du blé tendre, utilisant près de 5 millions d’hectares en 2021 [3].

Pourtant, si nous regardons plus loin dans le passé, en 1840, la culture du chanvre occupait 176 000 ha [4] quand le blé occupait déjà environ 5 millions d’hectares[5]. À l’époque, le chanvre servait notamment à équiper la marine, celle-ci se motorisant progressivement, la production a baissé. Cette tendance baissière se constatait partout dans le monde avec en plus le tissu qui était de plus en plus fabriqué à partir de coton venant des États-Unis.  Enfin, des lobbyistes de l’entreprise DuPont de Nemours, en 1937, ont poussé le Congrès américain à voter le « Marijuana Tax Act ». Ce texte taxait de façon très forte les cultures de chanvre[6]. Le coup de grâce avait été porté par le Nylon dont le brevet avait été déposé cette même année, par la même entreprise que les lobbyistes.

Quels sont les avantages du chanvre ?

Si nous ne devions en choisir qu’un, dans le cadre de la transition énergétique, nous citerions la capacité du chanvre à stocker du carbone. En effet, 1 hectare de chanvre stocke autant de CO2 qu’une forêt bien installée de même surface, soit 15 tonnes de CO2[7]. Mais ne nous arrêtons pas là. L’odeur du Cannabis sativa sativa repousse naturellement les nuisibles et sa disposition à couvrir le sol limite la prolifération d’autres herbes. Par conséquent, sa culture ne nécessite aucun traitement phytosanitaire et est donc bénéfique pour la biodiversité. Enfin, cette plante résiste à la sécheresse, est adaptée à tout type de sol et s’insère parfaitement dans la rotation des cultures.

Où utiliser le chanvre ?

Le secteur le plus surprenant, où il est utilisé, est la plasturgie, soit indirectement dans l’automobile. En effet, en 2022, 16 millions de voitures sortaient des sites de productions avec un tableau de bord en matière composite. Il s’agit d’une matrice en polymère (issu du pétrole) et d’un renforcement en fibre végétal. À l’opposé, héritées d’usages plus anciens, on retrouve les fibres dans l’habillement avec une texture proche du lin. Au premier Âge du Fer (800 à 500 avant J.C.), ses fibres étaient utilisées dans des textiles [1], aujourd’hui plusieurs collections de vêtement en chanvre sont disponibles.

Par ailleurs, le chanvre sous forme de brique cumule les bénéfices pour le bâtiment durable. Nous pouvons citer son effet coupe-feu, l’absence de COV, le confort thermique et acoustique. Pour finir, les briques utilisées dans une maison stockeront le CO2 pendant la durée de vie de cette maison, soit 50 à 100 ans. Dans ce cas, le chanvre est sous forme de chènevotte (petit morceau de paille) avec une matrice à base de chaux pour lier l’ensemble.

Si d’autres produits dérivés existent en cosmétique, en bien-être, avec le CBD, ou en alimentation. C’est bien dans les exemples cités précédemment que le chanvre aura l’impact le plus positif sur l’environnement. Cela montre ainsi qu’il est une des réponses à la crise climatique. Cependant, la gestion de sa culture sera son plus grand défi pour qu’elle ne rentre pas en concurrence avec les cultures alimentaires.

Sources

[1] Muriel Boulen, Véronique Zech-Matterne. Témoins archéologiques et archéobotaniques de chanvre (Cannabis sativa L.) dans les sites de France septentrionale : l’ambigüité des sources. De cordes et de toiles. Le chanvre et le lin à la mer. Cultures, usages et innovations des  origines à demain, Jun 2012, Lorient – Douarnenez, France. ffhal-02531691

[2] La culture du chanvre

[3] La culture du blé en Île-de-France en 2021

[4] Jeanne Dufour. (1961). Une culture moribonde : le chanvre français. L’information Géographique25(4), 139–154

[5] Octave Noël . (1876). Le blé en France depuis le commencement du siècle Journal de la société statistique de Paris, tome 17 , p. 129-133

[6] Le Congrès des États-Unis approuve la légalisation de la culture du chanvre – Le Figaro

[7] Attention à ces affirmations trompeuses sur les qualités du chanvre industriel – AFP

[8] Les débouchés du chanvre.

Pour aller plus loin

Page web sur le chanvre de l’institut Terres inovia

Article Jardinage Le Monde

 

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