Le secteur bancaire ou l’illusion durable
Aujourd’hui, il est largement admis que le secteur financier a une large responsabilité dans la crise climatique. Selon un récent rapport d’Oxfam France, l’empreinte carbone des banques françaises représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. « Les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement des six principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE2, Crédit Mutuel et la Banque Postale – atteignent 3,3 milliards de tonnes équivalent CO2 par an ». Si les entreprises sont bien souvent la cible des critiques quant aux impacts environnementaux de leurs activités, le secteur bancaire est loin d’être un modèle de vertu. Financement de l’industrie des énergies fossiles, poids des portefeuilles clients, investissements étrangers obscurs… autant d’actions qui participent au réchauffement climatique et à toutes ses conséquences désastreuses sur l’environnement et la société.
Cependant, depuis 2015 et le fameux Accord de Paris sur le climat, un éveil s’est propagé dans tous les secteurs économiques de nos sociétés. L’objectif principal de limiter le réchauffement climatique en dessous de +2°C somme les États de rendre compatibles les flux financiers avec une cette trajectoire. Dès lors, le secteur financier se voit contraint de suivre la mouvance et d’instaurer une éthique plus durable dans son modèle d’affaire.
Si de nouvelles Banques dites « vertes » apparaissent dans l’écosystème économique français, les Banques traditionnelles elles aussi se transforment pour s’aligner sur les Accords de Paris et les Objectifs de développement durable.
Finance durable et greenwashing
Lors de la COP26, 1xx pays se sont engagés dans l’Alliance Financière de Glasgow pour la neutralité carbone. Ils s’engagent alors à rendre les portefeuilles neutres en carbone d’ici 2050.
Cependant, un mois après la création de cette alliance, au moins 3 grandes banques françaises ont participé au prêt de 10 milliards de dollars à la société pétrolière et gazière saoudienne Aramco. L’année suivante ces trois mêmes banques fournissent à Aramco un prêt renouvelable de 14 milliards de dollars.
En outre, en finir avec le charbon est aussi l’une des grandes promesses de grandes banques mondiales. Lorsque l’on sait que cette énergie est la plus émettrice de gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique. Et pourtant ce secteur polluant est encore trop largement financé par nos Banques à l’étranger.
Les impacts environnementaux des activités des entreprises financées interrogent sur le véritable engagement du secteur bancaire. Comment peuvent-il clamer d’atteindre la neutralité carbone en 2050 en continuant de financer l’industrie fossile?
Selon le rapport de Reclaim finance, la Banque Postale est la seule à tenir ses engagements et a déjà commencé à liquider les 1,2 milliard d’euros d’actifs qu’il détient encore dans les énergies fossiles. L’objectif étant de s’en débarasser totalement d’ici à 2030.
La compensation carbone est-elle une solution viable ?
Alors la neutralité carbone dans le secteur bancaire, qu’est ce que cela signifie ?
Pour une Banques, l’enjeu est de parvenir à faire que les investissements et les prêts n’émettent pas davantage de CO2 qu’ils ne contribuent à en retirer. L’objectif est claire et pourtant le nom de nos chères banques française apparaissent encore dans le palmarès des banques les plus émettrices. Rappelons nous le scandale de BNP Paribas accusé de participer via des prêts, par exemple, aux projets de Totalenergies.
Bien que la Banques ce soit doté d’une politique plus durable, dans la pratique aucune stratégie d’exclusion vis-à-vis des projets pétroliers et gaziers conventionnels n’est encore bien visible.
L’une des solutions envisagées par le secteur bancaire est de compenser les émissions carbone de leurs activités. Il s’agit de « rattraper » une part du CO2 émis en l’aspirant au moyen d’appareils de capture, ou en plantant des arbres. Dans le contexte de crises multiples dans lequel nous évoluons aujourd’hui, une telle mesure semble plutôt anecdotique. En effet, puisqu’il s’agit de promouvoir l’échange de droits à polluer au travers des marchés carbone, plutôt que la réduction de la production
La compensation ne semble par être une solution adaptée aux enjeux de réduction de GES du secteur bancaire. D’autant que cette mesure pose de graves problèmes d’accaparement de terres indigènes, dont les forêts deviennent une manne pour ceux qui veulent compenser leurs activités.
Le secteur bancaire a encore beaucoup a prouver mais surtout beaucoup à faire pour être à la hauteur de ses engagements.
Parviendront-ils à se désengager des projets les plus dévastateurs ? Parviendront-ils à mettre en place une finance vraiment durable? Mais surtout, l’économie de marché est-elle véritablement compatible avec la volonté de décarbonner nos sociétés?
Sources:
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