Le stockage naturel du carbone par le sol est une vraie solution à l’atténuation du changement climatique. Ce faisant, il permet de préserver la biodiversité, assure davantage de sécurité alimentaire et préserve le cycle de l’eau.

Stockage technologique versus stockage naturel

« En 2019, les concentrations atmosphériques de C02 ont été les plus élevées depuis au moins 2 millions d’années ». (Masson-Delmotte et al., 2021). Cette concentration, dont la cause anthropique fait consensus, est la cause de la crise climatique à laquelle nous sommes confrontés.

Face à cette situation, les solutions techniques de captation et de stockage de C02  sont immatures ou hors d’échelle(1).

Qu’en est-il de la séquestration naturelle du CO2 : celle effectuée par les océans sous sa forme gazeuse ou par la végétation et les sols sous sa forme organique (CH0). Peut-elle être une solution et venir atténuer les 7 à 9 Giga tonnes annuelles émises par nos activités ?

Le stockage naturel : ordres de grandeur

Les océans captent le CO2 de l’atmosphère et le stockent sous forme dissoute. Les sols et la végétation l’emmagasinent sous sa forme organique. La proportion de CO2 absorbée varie peu : 56% au cours des dernières décennies. Le reste participe à la concentration évoquée précédemment dans l’atmosphère.

La quantité de carbone ainsi stockée est tout à fait impressionnante.

Actuellement, le sol emmagasine environ 2 000 Gigatonnes de carbone : deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère, ou 250 années d’émissions anthropiques ! (Ordre de grandeur).

 

Caractéristiques du stockage sous-terrain

Le carbone sous terrain rend un grand nombre de services environnementaux. Il structure le sol, augmente la rétention d’eau. Il est surtout à la base la dynamique de fabrication de l’humus par la biodiversité sous-terraine. Sans carbone, le sol meurt.

Par ailleurs, le carbone emmagasiné dans le sol varie en fonction du type de végétation. Il est le plus élevé sous les prairies et les forêts que pour les vignes, avec respectivement 80 Tonnes par hectare contre 35.

 

Enfin, ce qui caractérise le sol dans son rôle de régulateur de carbone est sa réversibilité. Il ne séquestre pas le carbone une fois pour toutes, il peut, sous certaines conditions, en emmagasiner moins, voire en libérer ! Dès lors, quelles sont les bonnes pratiques ?

 

Du bon usage du sol : de la conservation….

Le changement d’affectation du sol est une pratique déterminante dans le comportement du carbone. Le tableau ci-dessous montre par exemple qu’il est deux fois plus efficace de préserver une prairie permanente que de planter une forêt sur une parcelle préalablement cultivée.

 

 

… à l’augmentation du carbone dans le sol

Ensuite, les pratiques permettant l’augmentation de la quantité de carbone dans le sol sont documentées (Mousset, s. d.). Pour les sols forestiers, raisonner l’intensification de l’exploitation, laisser, voire incorporer des matières organiques broyées pour nourrir le sol fait partie des pratiques vertueuses qui augmentent significativement la quantité de carbone stockée.

Pour les sols agricoles, amender par du compost ou des effluents afin de compenser les exportations liées aux récoltes permet un accroissement significatif du carbone sous-terrain : de l’ordre de 10% par rapport au système de référence (cf schéma ci-dessous).

 

La solution est sous nos pieds !

Ces effets sont à l’origine de l’initiative internationale « 4 pour 1000 ». Une augmentation annuelle de 4‰ du carbone dans les sols permettrait de compenser nos émissions annuelles de CO2. Après quelques décennies, la quantité de carbone n’augmenterait plus. Quelques décennies à venir, c’est précisément la période au cours de laquelle les experts du GIEC nous implorent d’agir.

Solution pour le climat donc, le carbone ainsi stocké dans le sol contribuerait à préserver un peu plus la biodiversité, le cycle de l’eau et la sécurité alimentaire : 4 des crises auxquelles nous faisons face et auxquels le stockage technologique ne répond pas.

 

 

  1. Les quelques opérations en cours stockent de l’ordre de 1 million de T/an. A titre de comparaison, les émissions de la France en 2019 étaient de 455 millions
  2. Coefficient de carbone stable dans les végétaux. Le carbone stable sera incorporé dans l’humus et ainsi stocké. Par opposition au reste du carbone qui sera libéré sous forme gazeuse.

 

 

Sources :

Masson-Delmotte, V., Zhai, P., & Pirani, A. (2021). Changement climatique 2021 : Les bases scientifiques physiques : résumé à l’intention des décideurs : contribution du groupe de travail I au sixième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. GIEC.

Mousset, J. (s. d.). Carbone des sols : Enjeu pour le climat et l’agronomie. Ademe.

 

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