Ils existent aujourd’hui de nombreux moteurs de recherche populaires1 tels que Google, Bing, Yahoo, Baidu (populaire en Chine), DuckDuckGo (connu pour sa politique de confidentialité stricte), Ecosia et Qwant2.
L’utilisation de ces moteurs de recherche se révèlent très énergivores. Les centres de données qui les hébergent consomment énormément d’énergies pour maintenir leurs serveurs en marche 24h/24 et 7j/7. Cette consommation d’énergie génère des émissions de gaz à effet de serre très importantes surtout si l’énergie est produite à partir de sources non renouvelables. De plus, les émissions de CO2 liées au trafic internet sont considérables (transmission de données). On peut également citer les différents impacts sur l’environnement lié à l’extraction des matières premières et à la production des équipements électroniques (serveurs, disques durs…).
Cependant, il est important de noter que certains moteurs de recherche cherchent à minimiser ces impacts en investissant dans des projets éco-responsables.
De quelle manière se démarque Ecosia ?
Ecosia est un moteur de recherche en ligne qui vise à contribuer à la reforestation en utilisant les revenus générés par les utilisateurs pour planter des arbres dans des zones déforestées. Fondé en 2009, par Christian Krool, un entrepreneur allemand, ce moteur de recherche revendique avoir planté 166 millions d’arbres depuis sa création et compte 20 millions d’utilisateurs actifs3 (chiffres de janvier 2023).
Comment cela fonctionne ?
Ecosia utilise les revenus publicitaires pour générer ses revenus (comme la plupart des moteurs de recherche). Une partie de ces revenus sont ainsi utilisés pour planter des arbres via des programmes de plantation. On peut retrouver sur le site d’Ecosia les différentes zones géographiques dans lesquelles sont réinvesties ces recettes faites grâce aux annonceurs (Espagne, Afrique, Indonésie, Amérique du sud etc.)3 . L’objectif final, du moteur de recherche, est de lutter contre la désertification due au réchauffement climatique. Ecosia essaie également d’aider au maximum les pays qui ont subi des catastrophes naturelles. Par exemple : Haïti ou plus récemment l’Australie suite aux incendies de 2020.
Selon leurs chiffres présentés sur leur site internet, toutes les 45 recherches réalisées par un internaute, un arbre est planté.
Que communique Ecosia sur son site internet ?
On peut retrouver sur le site d’Ecosia, un compteur du nombre d’arbres plantés par la communauté jusqu’à présent. On peut également apercevoir que ce compteur est automatique et est incrémenté de 1 toutes les secondes. Par ailleurs, on peut voir lorsque l’on inspecte le code source de la page, que ce compteur est un compteur classique utilisé et incrémenté avec un temps de rafraîchissement. Ce compteur est alors à priori basé sur une moyenne d’arbres planté, mais aucune informations ne figure à ce sujet.
« Nous croyons fermement en la transparence« 4
Pour avoir le détail des arbres plantés, le moteur de recherche met en ligne ces rapports financiers mensuels4. Pour le mois de novembre 2022 (dernière mise à jour – un délai de six semaines est annoncé sur le site pour traiter les paiements), Ecosia déclare avoir enregistré 3,09 millions d’euros de revenus, dont 1,17 millions d’euros reversés pour la plantation d’arbres, soit près de 38% (rapports financiers rendu disponible par Ecosia). Le reste recouvre les coûts d’exploitation et de marketing, les impôts et la sécurité sociale. Ainsi qu’une partie pour les réserves et les investissements verts « Nous mettons de l’argent de côté pour nos réserves et pour des projets environnementaux, tel que les centrales solaires ou l’agriculture régénérative »4.
Ecosia vs Google
Ecosia utilise la même méthode que Google pour générer leur bénéfice (provient des revenus publicitaires, comme mentionné précédemment). Concrètement, les entreprises paient pour afficher de la publicité sur les moteurs de recherche lorsqu’elles estiment qu’il y a un intérêt pour eux de le faire. Ces publicités sont ensuite insérées dans les résultats de recherche ou figurent sur le côté de la recherche (souvent à droite des résultats).
Ce modèle économique tient car les internautes cliquent sur ces publicités et achètent des produits (pas vraiment le meilleur moyen pour lutter contre la surconsommation et la pollution).
Ecosia, un moteur de recherche non autonome
Pour que Ecosia soit aussi rentable (cf. Rapports financiers), elle utilise le moteur de recherche de Microsoft : Bing5. Autrement dit, Ecosia n’a pas développé son propre moteur de recherche. Concrètement lorsque l’internaute effectue une recherche sur le site d’Ecosia, sa requête est envoyée à Bing qui fournit les résultats à Ecosia. Cette réponse est ensuite adressée à l’internaute (ce qui augmente les transmissions de données). Ce système permet ainsi à Ecosia de ne pas avoir à développer des algorithmes couteux. En échange de ce service Microsoft reçoit une petite partie du revenu publicitaire d’Ecosia. Ainsi Ecosia est à la merci du moteur de recherche de Microsoft qui peut couper le flux à tout moment. Tandis que Google possède son propre moteur de recherche.
Stratégies de communication
Depuis 2017 Google revendique l’utilisation de 100% d’énergie renouvelable que ce soit pour alimenter ses services ou ses bureaux6. Et Microsoft souhaite atteindre cet objectif d’ici 20307. De son côté, Ecosia effectue des compensations carbone. C’est à dire que l’entreprise calcule ses émissions de CO2 puis finance des projets d’associations qui permettent d’absorber cette pollution. On peut retrouver ces éléments dans le rapport financer : « financement de centrales solaires« . Ces mesures face à la pollution numérique sont aussi des arguments sur lesquels communiquent le moteur de recherche « écolo » Ecosia.
Ecosia certifié B corporation
Jusque-là aucune information ne peut être vérifiée sur le moteur de recherche, puisqu’ils rendent eux-mêmes leurs données accessibles. La seule information qui peut potentiellement nous aider : Ecosia est certifié B Corporation (présence du logo sur leur site internet). B Corporation est un organisme qui vérifie si l’entreprise à un impact positif sur l’environnement et les salariés. Si certains éléments de leur communication étaient faussés, il y aurait déjà eu quelques scandales, ou alors ça ne serait tarder.
Sources :
1 Graphique: Les moteurs de recherche les plus populaires en France | Statista
2 Moteurs de recherche les plus utilisés Monde 2016 | Statista
3 https://info.ecosia.org/what
4 Rapports financiers d’Ecosia
6 https://sustainability.google/reports/environmental-report-2018/#data-centers
7 Microsoft will be carbon negative by 2030 – The Official Microsoft Blog
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