De l’éco-peur à l’éco-anxiété, les peuples du monde entier semblent soumis à cette peur chronique face à la multiplication des dérèglements environnementaux. Alors que “notre planète brûle et qu’on ne peut pas dire que l’on ne sait pas” pour reprendre les mots du président Jacques Chirac en 2001, de nombreux individus présentent des émotions négatives au regard de la société et de la civilisation thermo-industrielle.

Mais si cette peur du choc environnemental et ce rejet du système actuel permettaient l’éco-lucidité et l’émergence de comportements à impact. Et si finalement “on a de la chance d’être encore éco-anxieux” comme Camille Etienne le clame ?

 

Entre eco-anxiété et Solastalgie de quoi somme nous victime

Si, l’éco-anxiété est la peur chronique de la catastrophe environnementale, elle se présente comme un stress traumatique et apparaît chez des individus ayant été confrontés à une conséquence directe du changement climatique (événement issu de la crise climatique) ou à la suite d’une prise de connaissance via des médias ou rapports des potentiels risques pouvant survenir.

Depuis peu, le terme éco-anxiété se lie à un autre concept, la solastalgie. Venant du latin “solacium” et “algie”, il exprime le lien entre le “réconfort” et la “nostalgie”. En d’autres termes, ce concept s’expérimente par le deuil d’un monde que l’on a connu et qui est en train de disparaître.

On peut alors distinguer les deux concepts dans leur rapport au temps. Si l’un porte à se préoccuper de ce qui est amené à disparaître, l’autre fait craindre de ce qui va survenir et affecter les souvenirs du passé, le cadre de vie, les projets futurs.

 

Up and Down, comment l’éco anxiété bouleverse les motivations d’un individu

L’éco-anxiété et la stolastalgie étant des troubles, ils s’accompagnent donc d’émotions telles que l’angoisse, le stress, la tristesse, la frustration ou la culpabilité pour ne citer qu’eux. Ces émotions ont pour conséquence la création de symptômes comme les insomnies, les tensions musculaires ou la perte d’appétit.

Cependant, ces émotions et symptômes ne sont pas une fatalité pour autant. Ils s’inscrivent dans une courbe de deuil. Comme pour toute courbe, celle-ci se présente par une phase descendante associée au choc, déni, colère, peur et dépression et une phase remontante qui fait place à l’acceptation, à la quête de sens et à la sérénité.

L’image ci-dessous présente cette courbe de deuil et les états émotionnels qui l’accompagnent. Ainsi, comme elle le témoigne, il est nécessaire de passer par certains états afin d’amortir le choc, de l’accepter et d’être en capacité de le gérer.

 

Comment l’éco-anxiété contraint la manière de voir l’économie

Vous l’aurez compris, en phase remontante de la courbe, l’acceptation et la quête stimulent l’espoir et le surpassement. C’est à cet instant que l’on s’enthousiasme des différents moyens d’actions qui s’offrent à nous, car oui, il y a encore des choses à sauver.

Parlons des 3 moyens d’agir à différentes échelles : économiques, politiques, militantes

    • Économique – l’éco-consumérisme ou quand les critères de développement durable viennent guider notre consommation. Une consommation durable se définit au travers de 3 dimensions, mieux acheter, mieux consommer et mieux jeter, voir moins jeter pour moins acheter.
    • Politique – le lobbyisme vert, celui de l’intérêt général œuvrant pour la préservation des ressources et de l’environnement. Ce lobbyisme environnemental prend le virage “éthique” et assure une position transparente tout en respectant les intérêts communs. Son objectif est d’équilibrer les rapports de force avec les autres lobbys et de promouvoir des actions institutionnelles en faveur d’un système moins invasif.
    • Militante – L’activisme vert – appelé par certains l’éco-terrorisme par d’autres de radicalisme environnemental – se veut être un moyen d’action directe face à l’inaction globale. Quand les communautés scientifiques, politiques, économiques développent progressivement des plans d’actions contrariés entre leurs objectifs et mises en œuvre, l’activisme est la méthode alternative qui influence par la manifestation et le blocage.

 

L’anxiété, un stress source de destruction créatrice

Et si finalement dans cette anxiété omniprésente, il y avait du bon ? L’éco-anxiété peut s’interpréter comme une éco-lucidé permettant de prendre conscience de l’intérêt qu’il y a à part à la lutte. Outre les nouvelles formes de consommation et d’action politique, les acteurs du monde professionnel s’attachent à faire preuve de destruction créatrice. En reprenant les principes de destruction créatrice de Schumpeter qui consiste et soustraire au marché l’entreprise la moins productive pour laisser place à celle plus innovante, il est remarqué le même effet sur la société actuellement.

L’économie des émotions a développé le principe de Nudges, ou comment l’usager est influencé à agir efficacement dans un cadre sociétal sans qu’il ne s’en rende compte. En partant de la mouche au fond de l’urinoir des hommes, au pas peints de plusieurs couleurs devant une poubelle dans la rue. Tous sont là pour pousser les usagers à être productifs et efficaces.

C’est exemple est une introduction à l’ensemble des opportunités économiques qui apparaissent et qui sont progressivement saisies par les entrepreneurs. C’est suite à cette anxiété qui flagelle initialement, que les individus accouchent du cargo à voile, d’entreprises régénératrices et négatives en carbone, du sourcing fournisseurs, des nouveaux projets d’énergies durables etc.

 

L’homme est un animal intelligent, mais l’expérience atteste qu’il doit se confronter à des chocs voir des catastrophes pour l’inciter à évoluer. L’homme n’est qu’au début de la phase remontante de la courbe du deuil, il reste de l’espoir et des actions à mener.

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