Face à l’augmentation de la concentration des particules de CO2 dans l’atmosphère, cause du réchauffement climatique accéléré, la plantation individuelle d’arbres est vue comme une solution. Néanmoins, elle n’est pas à l’échelle. S’il est utile de planter, il faut le faire en connaissance.
La Magie de la photosynthèse
Pour sa croissance, l’arbre puise par ses racines l’eau et les sels minéraux. Par ses feuilles, il capte la lumière et le Co2. Combinant ces éléments, la magie opère : la photosynthèse. Processus au cours duquel l’arbre sépare le Carbone(C) du dioxygène (O2) pour fabriquer le glucose dont il se nourrit. L’oxygène est relâché dans l’air, le carbone est séquestré, puis stocké dans ses branches, son tronc et ses racines. Il n’en sortira que brûlé ou pour partie lors de sa décomposition.
C’est en cela qu’il est considéré comme une solution au problème de réchauffement climatique (lié à la concentration des particules de CO2 dans l’atmosphère). Il permet non seulement d’absorber et de stocker le dioxyde de carbone, mais grâce à la ressource produite, il permet de surcroit d’éviter des émissions. Le bois peut se substituer aux énergies fossiles pour le chauffage par exemple, il peut également remplacer des matériaux émissifs comme le béton dans la construction. Il s’agit des 3 S de l’arbre ou de la forêt.
La plantation d’arbres, à l’échelle individuelle, permet-elle de compenser mes émissions de Co2 ?
Une réponse hors d’échelle
La réponse est NON.
Un arbre séquestre 25 Kg de Co2 par an. Ceci est une moyenne très approximative. Néanmoins, elle permet à chacun de calculer le nombre d’arbres nécessaires à la compensation de ses émissions. À titre d’exemple, l’empreinte carbone en France est de 9,9TCO2eq par personne et par an. Cela représente l’équivalent de la séquestration de 396 arbres !
La solution première est donc de réduire considérablement nos émissions.
Il n’est cependant pas interdit d’apporter une contribution et de participer à l’atténuation de nos émissions en plantant quelques spécimens. Dans ce cas, il est nécessaire d’avoir à l’esprit quelques éléments :
Planter pour longtemps
En premier lieu, la séquestration du carbone ne s’effectue pas de manière linéaire tout au long de la vie de l’arbre. Même si le sujet fait débat, notamment en ce qui concerne la séquestration des arbres matures, c’est en milieu de vie que la séquestration est maximale. Les arbres très jeunes, du fait de leur faible taille, ont une captation faible. Il faut alors planter pour plusieurs dizaines d’années !
Ensuite, la densité de l’arbre détermine directement le stockage du carbone. Or celle-ci est extrêmement variable d’une espèce à l’autre, variant de 400 Kg/m3 pour certains peupliers à 1000 Kg/M3 pour le charme par exemple. L’espèce est à choisir avec soin.
Au bon endroit
L’emplacement de la plantation importe. Au-delà du fait que l’environnement immédiat de l’arbre est déterminant pour sa croissance et sa survie, il détermine son empreinte carbone. En fonction de l’usage du sol précèdent, la séquestration « nette » ne sera pas la même : planter un arbre sur une prairie permanente ou dans la ville ne contribue pas de la même manière à la séquestration. Alors que la prairie joue déjà un grand rôle d’atténuation, planter un arbre dans la ville aura une séquestration nette bien supérieure.
Arbres conduit en trogne ou têtard
Plantons des trognes
Enfin, la conduite de l’arbre est importante. Parmi les multiples existantes, il en est une particulièrement intéressante : la conduite en trogne. En effet, 60 % du carbone de l’arbre est emmagasiné dans le tronc et les racines (à parts égales). La pratique, qui consiste à couper régulièrement les branches, permet de conserver ce stock tout en utilisant ses branchages pour de divers usages. Ainsi, là où la place est insuffisante, où la hauteur est limitée, cette pratique autorise la plantation. « L’arbre paysan aux mille usages »1, largement utilisé en ville, mais délaissé en campagne, peut alors retrouver ses lettres de noblesses dans nos jardins.
L’arbre ne doit cacher ni la forêt, ni le sol
Voici dégrossies les premières questions liées à la plantation individuelle d’arbres. La connaissance de l’échelle de sa contribution face au réchauffement climatique devrait interdire tout effet rebond, consistant à se dédouaner d’une action grâce à une bonne pratique par ailleurs.
Il est à préciser que ces points ne s’appliquent que partiellement à l’échelle d’une plantation importante. L’efficacité d’un reboisement ou de la plantation d’une forêt, pour ce qui concerne la séquestration carbone ou pour toute autre considération, nécessite une réflexion approfondie. En effet, le niveau de séquestration dépend fortement de l’usage du sol préalable à la plantation et, dans une moindre mesure, de la gestion sylvicole qui la suivra. La captation du carbone n’est pas garantie !
Enfin, regarder l’arbre sous l’angle de la séquestration carbone est réducteur. C’est ne pas rendre hommage à la multitude de services écosystémiques rendus. Services décuplés lorsqu’il est connecté à ses congénères en forêt !
Pour aller plus loin :
Dominique Mansion, « Les Trognes, l’arbre paysan aux mille usages »Édition Ouest France 2019.
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