Amsterdam est réputée pour son engagement en faveur du développement durable. Elle a pour ambition de devenir neutre en carbone d’ici à 2030, et de devenir totalement circulaire en 2050. Pour atteindre cet objectif de circularité, c’est la première ville au monde à avoir adopté le modèle économique du Donut.
La théorie du Donut, qu’est-ce que c’est ?
Imaginée par l’économiste anglaise Kate Raworth, la Théorie du Donut est un modèle d’économie circulaire dans lequel sont prises en compte les limites de la planète et le minimum social. La limite inférieure du donut, le plancher social, représente les besoins sociaux fondamentaux des humains. Ces besoins sont entre autres, l’accès à l’eau, aux soins de santé et à des logements sains. La limite extérieure représente, quant à elle, les limites de la terre et ses ressources. C’est « le plafond environnemental ».
L’objectif est de proposer un modèle de développement qui permet de rester « dans le donut », en satisfaisant les besoins des hommes sans compromettre les limites planétaires.
L’économiste propose d’utiliser le donut comme boussole pour guider la société. Il remplacerait alors notre indicateur phare, le PIB. Cette boussole permettrait de trouver une prospérité équilibrée et soutenable plutôt qu’une croissance économique sans fin.
Amsterdam entame sa transition grâce au modèle du donut
Depuis 2020, la ville d’Amsterdam a décidé de s’en inspirer pour concrétiser la transition écologique urbaine. L’adjointe au maire d’Amsterdam, Marieke van Doorninck, a declaré à ce propos :
« L’idée est de revoir notre façon de consommer et de produire, tout en favorisant la création de nouveaux emplois »
Cette dernière a expliqué ne pas vouloir « retomber dans des mécanismes simplistes » en revenant à de vieux schémas de relance. L’idée est d’utiliser une approche globale et réformatrice en profondeur du système pour mettre en avant l’économie circulaire, l’agriculture urbaine ou encore des changements dans le traitement des déchets.
La métropole a d’ailleurs collaboré avec Kate Raworth elle-même et son équipe du Doughnut Economics Action Lab. Leur travail a d’abord évalué où se positionne la ville dans le donut, puis à adapter l’économie du donut à l’échelle d’une ville. Cela a permis d’identifier les secteurs qui nécessitaient des changements d’organisation afin d’être durables et inclusifs.
Ils ont mis en place une stratégie pour implémenter concrètement le « Amsterdam City Doughnut ». Ce dernier peut être défini comme une ville prospère, respectueuse et inclusive pour tous les citoyens qui s’inscrit dans la transition écologique en respectant les limites planétaires.
La stratégie a été adoptée officiellement dans la politique « Amsterdam circulaire 2020-2025« . Elle se concentre sur trois domaines prioritaires : une alimentation durable et saine (relocalisation de la production, agriculture urbaine et gestion des déchets), une économie circulaire des modes de consommation durables, et une conception de l’espace urbain qui répond aux enjeux du donut.
La concrétisation de cette stratégie
2 ans après l’adoption de la théorie du Donut, les projets et les initiatives émergent grâce à différentes parties prenantes. La municipalité développe et déploie des projets d’infrastructures, des politiques d’emploi et de nouvelles politiques pour les marchés publics, ainsi que des mesures d’aide pour les citoyens qui souhaitent se lancer dans des démarches responsables.
Parmi ces projets, la construction d’une île sur le Lac Ijssel a débuté en janvier, « Strandeiland », afin, notamment, de remédier à la crise des logements à Amsterdam. Les entrepreneurs du projet ont pris le temps d’élaborer ce nouveau quartier urbain et de l’ancrer dans le modèle du donut. D’une part, l’île comptera 8000 habitations dont 40% de logements sociaux, dans un contexte où les habitations deviennent rares et de plus en plus chères à Amsterdam, et d’autre part, tout a été pensé pour émettre le moins de CO2 possible.
En effet, des fondations de l’île effectuées avec du sable, lui-même récupéré dans le fond du lac à l’aide de bateaux à faibles émissions et selon des méthodes respectant la faune et la flore locales, à l’utilisation de matériaux durables : rien n’est laissé au hasard. Le projet veille également à supprimer les risques d’élévation du niveau de la mer pour ses futurs habitants.
Toujours dans le secteur de la construction, la ville promeut l’utilisation de matériaux plus durables, tels que le bois, et a introduit des « passeports de matériaux » qui identifient précisément les éléments constitutifs de chaque bâtiment. Cela permettra de les réutiliser ou de les recycler plus facilement lors de leur démolition.
Une transformation des habitudes de consommation
Au niveau des habitudes de consommation, Amsterdam souhaite devenir une économie totalement circulaire d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif ambitieux, des infrastructures sont mises en œuvre pour rendre plus accessibles des modes de consommation plus responsables. Basés sur le partage et la réparation, on retrouve notamment la mise en place de boutiques de seconde main, de services de location pour vêtements ou outils, et de services de réparation tels que des repair cafés.
Si la ville peut entreprendre ce genre de projets et instaurer de nouvelles politiques publiques, la participation et l’adhésion de la population à tous les niveaux est un facteur indispensable à la réussite du donut. L’inclusion des citoyens est la clé de la réussite de cette dynamique !
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!